Fatma Jallal, fondatrice de l’espace FJ, va droit au but en exposant, pour sa première, Faouzi Laatiris. Un, on est averti : la galerie est définitivement tournée vers l’art contemporain ; deux, c’est un solide rêveur qui ouvre le bal. Un fou franc et décapant. Et il le prouve depuis 1988 lorsqu’il expose pour la première fois, à Bourges en France. L’installateur-râleur qu’il est passe son temps à questionner les divagations de la vie, les disfonctionnements qui l’entourent, la cruauté de l’actualité. Son champ de bataille est aussi vaste que son imaginaire. Spacieux à outrance, mais délicatement délimité par un regard narquois. La malice chez Laatiris n’est pas un jeu. Plutôt la résultante d’un ensemble de facteurs embrigadés et dévastateurs. En 2003, il s’insurge contre la guerre en Irak et les attentats du 16 mai à Casablanca. C’est en Belgique qu’il extériorise son angoisse et son indignation. Il réalise une installation faite d’objets qui suggèrent les massacres, le sang, la mort. Dénoncer l’horreur sans la mettre en scène. Il s’arme de jouets de guerre, de tenues aux couleurs militaires et frappe de toute force sur les conflits armés qui deviennent des shows télévisés souvent retransmis en direct. L’exposition portait le nom provocateur de «Quand on n’a que l’amour». Il l’accompagne – histoire de brouiller les pistes ?- de figurines d’animaux, du far west, d’Indiens et… de photos d’identité et de clichés pop art marocains. Des images qu’il utilise plus amplement dans l’installation «Impressions» organisée à Limoges toujours en 2003. Trois années plus tard, c’est à Douala au Cameroun (sa plus belle exposition, dira-t-il) et à Martil qu’il poursuit sa réflexion sur la planéité. Dans un espace pharaonique et autour de la benne à ordures, il s’attaque à l’écologie en partant des sacs en plastique. Non biodégradables, ils font la guerre à la biosphère. Et puisqu’il s’agit de guerre, Faouzi Laatiris leur déclare la sienne, multicolore, sous l’intitulé «Art(s) plastique(s)».