Selon le Gouverneur de Bank Al Maghrib, “le Maroc pourrait être affecté, de manière relativement limitée par le ralentissement de l’activité mondiale». Un suivi régulier de l’instance internationale est, pour l’heure, effectué par l’instance. L’objectif étant de cerner le délai et l’amplitude d’une éventuelle contagion. Et c’est bien dans ce contexte que les dernières prévisions du Gouvernement pour 2009 ont été révisées. Confortées par les services du FMI (World Economic Outlook), le gouverneur affirme que «la croissance devrait continuer à se situer autour de son potentiel (5-6%)». Des niveaux de chiffres, toutefois, en contradiction avec ceux affichés par les analystes du CMC (Centre Marocain de Conjoncture) qui sont unanimes à dire que «la croissance nationale reculerait de 1,5 voire 2% compte tenu de la conjoncture internationale».
L’Observatoire avait, en effet, analysé et énuméré les secteurs qui devraient subir les contrecoups d’une crise financière (Tourisme, IMME, BTP). Le Président de la CGEM, My Hafid El Alamy l’a confirmé lors de la présentation des propositions sur la Loi de Finances 2009. Les mêmes secteurs ont été cités comme sensibles à la crise financière dont «les catastrophes n’ont pas fini d’être quantifiées», selon le patron des patrons.
Abdellatif Jouahri, lui, se veut rassurant: «le Maroc est dans une situation relativement favorable, comme le signale également le dernier Article IV du Fonds Monétaire International (FMI) : vision claire (feuilles de route sectorielles) et croissance tirée par la demande intérieure, marge budgétaire permettant d’absorber les chocs, dette publique à un niveau soutenable, dette privée limitée, crédibilité de la politique monétaire et du régime de change, niveau des réserves de change».
Toutefois le Gendarme des banques considère comme «essentiel de prévenir des effets de second tour en limitant, dans un contexte marqué par des perspectives d’inflation et une balance des risques orientée à la hausse». En clair, il s’agira de limiter les risques sur la stabilité des prix à moyen terme, afin de préserver le pouvoir d’achat et de maintenir les conditions nécessaires à une croissance viable. La mesure qui en découla est bien celle prise par le Conseil de la Banque (23 septembre 2008) de relever le taux directeur de 25 points de base, à 3,50%, tout en continuant a être très vigilant quant à l’évolution de l’inflation et des facteurs de risques au cours des prochains mois. «La gestion du choc sur le prix des matières premières a illustré la forte résilience de l’économie marocaine et la flexibilité des politiques macroéconomiques suivies».
Système financier. Au niveau du système financier proprement dit, le dernier rapport FSSA qui sera publié incessamment par le FMI et qui entérine la mission FSAP conjointe de la Banque mondiale et du FMI (novembre 2007) conclut que « le système bancaire marocain est stable, bien capitalisé, profitable et résistant aux chocs ». Les arguments de BAM sont étayés à travers un taux des créances en souffrance du système bancaire qui a reculé de 7,9%, au 31/12/2007, à 6,4%, au 30 septembre 2008. Mises à part les banques publiques, ce coefficient ressort à 4,6%. S’agissant des créances en souffrance, elles sont provisionnées à hauteur de 78% pour l’ensemble du système bancaire. Hormis les banques privées, ce taux s’établit à 84%. « Les coefficients moyens de solvabilité et de liquidité du système bancaire sont respectivement estimés à 10,6% et à 120%, au 30 juin 2008 », rappelle le Gouverneur de l’instance financière nationale. La mesure prise à ce niveau par Bank Al Maghrib est de porter le ratio de solvabilité à 10% pour fin 2008. En fonction du profil de risque des banques, ce taux pourra être relevé.
Les autres investigations effectuées par BAM permettront, par ailleurs, de conférer une meilleure visibilité économique. Parmi les principales, «la part des actifs étrangers dans le total actifs des banques qui reste limitée avec un taux de 4%. Les analystes de l’instance attestent également que «les banques ne détiennent pas d’actifs toxiques dans leurs portefeuilles». Selon Abdellatif Jouahri, «les risques sur des contreparties étrangères sont limités et des mesures pour les réduire davantage ont été prises ».
Place Boursière de Casablanca. Le Gouverneur de BAM affirme que «celle-ci n’a pas connu de mouvements de vente erratiques et le marché reste dans une position acheteur. Les prix des valeurs listées reflètent correctement les fondamentaux des entreprises cotées».
Il faut dire que la panique de certains investisseurs aurait eu pour conséquence la vente accélérée de certains titres. Par effet de contagion, les petits porteurs se sont trouvés otages d’une situation où la non information a cédé la place à la désinformation par association automatique avec la crise financière étrangère. Aujourd’hui, les différentes explications à la fois des spécialistes et du patron des patrons permettent d’affirmer que les reculs enregistrés par la BVC ne sont pas liés à la conjoncture internationale. Plus, les analystes de l’instance nationale signalent que « la part de la capitalisation boursière -hors participations stratégiques- détenue par des investisseurs étrangers reste limité (1,8% à fin 2007) ».
Par ailleurs, le secteur des assurances est identifié par les analystes comme un marché essentiellement domestique, faiblement exposé sur l’extérieur. Les dispositions réglementaires limitent en effet à 5% la part du total des actifs des assurances pouvant être placés à l’Etranger.
Cellule de veille. Enfin, dans un contexte de crise internationale, Bank Al-Maghrib vient de créer en son sein une cellule de veille. La même démarche a été adoptée par le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM). Le Gouverneur prône « l’échange avec les différentes parties prenantes y compris le gouvernement et les opérateurs économiques ainsi que les autres autorités de supervision, réunies dans le cadre de la Commission de coordination des régulateurs ».
Ce n’est en effet que de cette manière que le Maroc pourra dépasser ce cap difficile. Car il s’agit pour lui de redoubler d’efforts pour recruter de nouveaux marchés. La diminution du déficit commercial en dépend. Sur le plan social, l’amélioration du pouvoir d’achat permettra de réhabiliter la consommation d’une classe moyenne fortement exposée. La prochaine Loi de Finances devrait en tenir compte.