Ahmed charaï
Cette activité a pris des relents importants. Fédératrice par essence, tous les politiques essayent de s’en saisir. La tentation est un peu freinée dans les grandes démocraties, et ce n’est que relatif, alors qu’elle est palpable sous les régimes autoritaires. Franco a dirigé l’Espagne grâce à l’Eglise et au Real de Madrid, les généraux argentins se sont appuyés sur l’équipe de Luis César Mennotti…, et bien d’autres exemples fleurissent.
Plus simplement, tous les maires de France et de Navarre financent le sport d’élite. L’aspect identification, d’une population à une équipe, est un moteur électoral très puissant et peu refusent de céder à cette sirène.
Par ailleurs, le sport est devenu un secteur économique par excellence. L’argent brassé par le biais de la publicité et des droits de télévision fait que ce n’est plus un loisir du dimanche. C’est ce qui explique que de grands magnats s’y intéressent. Non pas en tant que mécènes, parce que cette ère est révolue, mais en tant que véritables investisseurs qui gagnent à la fois financièrement, mais aussi en termes d’image, ce qui au regard des prix pratiqués par la communication dans ces pays, constitue une excellente économie.
Et au Maroc ?
Chez nous, l’on voudrait dénoncer cette prétendue collusion, c’est une lubie héritée d’un amateurisme qui n’a plus lieu d’être. Bien au contraire, il faut militer parce que collectivités locales, et donc politiques, et opérateurs économiques investissent dans le sport. L’objectif doit être une structuration et des moyens financiers à même de mener les clubs vers un niveau de performances qui remplisse les stades, attire les téléspectateurs et crée une dynamique permettant à ce secteur de devenir économiquement viable.
Ce dont il faut se méfier, et si nécessaire combattre, c’est l’instrumentalisation récurrente du sport. Certains hommes d’affaires ne s’intéressent au club de la ville que pour avoir les faveurs des autorités, tandis que des élus n’en font qu’une opération de marketing à la veille des élections.
Ceci est une réalité qu’il ne faut pas non plus instrumentaliser en plaidant pour un amateurisme balayé depuis des décennies. La modernité, c’est accepter un jeu d’influences autour du sport, à condition que ce jeu serve d’abord la performance sportive..
Le match football vs athlétisme
Ce sont les deux sports les plus populaires au Maroc. Le football l’est par le très grand nombre de ses pratiquants. L’athlétisme a à son compteur une très bonne image à l’international, surtout sur les disciplines de fond et de demi-fond. Les deux sports ont, chacun à part, négocié des contrats-programmes avec le gouvernement. C’était l’ancien Premier ministre Driss Jettou qui a mené à bout ces deux projets de professionnalisation. Le football était le premier à se jeter à l’eau, en 2005, avec une somme totale de 280 millions de DH. L’athlétisme a signé son contrat en 2007 pour une somme globale dépassant les 500 millions de DH. Le premier a eu un démarrage catastrophique. La résistance des dirigeants des clubs a failli arrêter ce processus de professionnalisation. Il a fallu attendre l’année dernière pour voir lancer les différents projets prévus : installation de pelouses artificielles et construction de centres de formations dans différentes villes du pays. Pour l’athlétisme, le contrat programme, qui dure jusqu’en 2011, ne connaît pas de grands couacs. Il y a quelques semaines, le souverain a même présidé la signature d’une convention supplémentaire pour la construction de pistes d’athlétisme et de centres de formation. Il a également posé la première pierre pour la construction d’une Académie nationale de l’athlétisme intitulée Mohammed VI.
Sport, argent et politique, Ce trio qui peine à décoller
karim rachad
Gâchis, catastrophe, pagaille, confusion… Chez nous, les qualificatifs de la gestion du sport national sont nombreux. Mais tous veulent dire une seule chose : au Maroc, il ne fait pas bon être sportif, ni fan d’une discipline sportive non plus. Et pour cause, notre sport n’arrive toujours pas à s’imposer, plus de cinquante ans après son organisation officielle en fédérations et comité olympique. Il y a bien sûr eu des exploits qui ont hissé haut le drapeau national. En football, on notera le sacre d’Addis Abeba en 1976 (Coupe d’Afrique des nations) en plus des quatre participations en Coupe du monde (1970, 1986, 1994 et 1998). En athlétisme, nous avons nos héros, à commencer par Nawal El Moutawakkel et Saïd Aouita, premiers médaillés d’or olympiques aux JO de Los Angeles pour arriver au quadruple champion du monde, détenteur de deux médailles d’or olympiques et recordman du monde, Hicham El Guerrouj en l’occurrence. Mais il serait naïf de penser que ces exploits sont le fruit d’une politique bien ficelée dont le but est de donner naissance aux champions. Ce ne sont ni plus ni moins que des exploits individuels. Comme c’est le cas d’ailleurs des clubs et fédérations qui ont, pendant longtemps, été associés à des personnalités, pour la plupart proches du pouvoir politique. Cela a commencé dès les premières années de l’indépendance.
Du sport à la sauce politicienne
En 1959, en créant le CNOM (Comité national olympique marocain), Hassan II en était lui-même président, et ce jusqu’en 1965. Depuis, le défunt roi a tenu à placer des hommes proches du sérail à la tête de cet organe sportif qui chapeautait les différentes associations sportives. La décennie qui a suivi a ainsi connu la présidence de Haj Mohamed Benjelloun, fondateur du Wydad, membre du CIO (Comité international olympique) depuis le début des années 60. Le poste de président, à l’instar des plus grandes fédérations du royaume, a par la suite été confié à des militaires, tels le colonel Mehdi Belmejdoub, nommé par Hassan II juste après le retour glorieux de l’équipe nationale de football de la Coupe d’Afrique des nations d’Ethiopie et, bien sûr, le président toujours en exercice, le général de corps d’armée Housni Benslimane. «Difficile dans ces conditions de demander à ces présidents super puissants des comptes sur leur gestion des affaires du sport national», souligne un journaliste sportif.
La situation est la même du côté des clubs. La création du Wydad de Casablanca, par exemple, en 1937 par les nationalistes marocains, Haj Benjelloun Touimi et Père Jégo. En 1946, le Moghreb de Fès est également fondé par un groupe de nationalistes menés par Driss Benzakour. Une année plus tard, le KACM, club phare de la ville ocre Marrakech, voit le jour. Et en 1949, le Raja est né, avec, en arrière- plan, cette lutte acharnée contre les autorités françaises. La création d’un club de sport ouvert aux Marocains était en somme une réponse au colonialisme. Cet engagement politique des sportifs, pratiquants et dirigeants, allait continuer après l’indépendance. Comme pour les instances fédérales, Hassan II a tenu à placer nombre de ses fidèles à la tête des plus grands clubs du pays. Souvenez-vous. Un Abdellatif Semlali au Raja, un Haj Mediouri au Kawkab, un Driss Basri à la Renaissance de Settat, un Arbaîine à l’Ittihad de Tanger, un Darham à la Jeunesse d’Al Massira et bien d’autres. Difficile à cette époque de faire le distinguo entre la gestion politique et la gestion sportive du pays. Et cette «politisation» du sport prenait parfois l’allure de tactique politicienne appliquée en grande période de crise. Le sport est même devenu, à certaines époques, le reflet de la politique générale de l’Etat. En décembre 1979, la sévère défaite face à l’Algérie, à Casablanca (1-5), et la colère royale qui s’ensuivit en est l’exemple. Le fait que l’équipe nationale était composée de grands footballeurs qui, trois années plus tôt, étaient accueillis en héros après leur sacre africain n’y a rien changé. Ce match a constitué la fin d’une génération qui a tant donné au foot national, et l’émergence d’une nouvelle vague de footballeurs. Six années plus tard, ils mènent le Maroc, pour la première fois de son histoire, au deuxième tour du Mondial mexicain.
Le pouvoir devient économique
Hassan II était donc un fan de sport. Il entretenait des rapports très proches avec dirigeants, entraineurs et sportifs. Il adorait assister en personne aux grandes rencontres de l’équipe nationale. Les finales de la coupe du trône de football étaient un événement présidé par le défunt souverain en personne. Mohammed VI n’en a présidé aucune rencontre. «Mohammed VI a rompu avec la tradition établie parson père feu Hassan II et son grand-père feu Mohammed V. Il avait néanmoins assisté à une rencontre, en 2000, entre le Maroc et la France à l’occasion de la Coupe Hassan II. Et c’est le prince Moulay Rachid qui a pris le flambeau, présidant des finales de coupe du Trône, compétition très symbolique», précise Moncef El Yazghi, auteur du livre «Makhzénisation du sport au Maroc». Nombreux sont les observateurs qui ont traduit l’absence de Mohammed VI par une colère royale concernant la gestion de la chose sportive dans notre pays. La preuve en est que pendant cinq ans (2002-2007), le département chargé du sport n’avait pas de ministre à sa tête. Il dépendait directement du Premier ministre Driss Jettou. «Et pourtant, le sport n’a jamais nourri autant d’ambitions que lors de l’époque Driss Jettou. Ce dernier est un homme d’affaires qui avait une conception pragmatique de la gestion sportive au Maroc. Il a compris que sans professionnalisme, et sans de grands investissements, la pratique sportive ne pourrait pas aller de l’avant», estime Noureddine Benabdennebi, secrétaire général du CNOM et président de la Fédération royale marocaine de basketball. Et si du temps de Hassan II, le sport se conjuguait avec la politique, sous Mohammed VI, c’est la rigueur de la gestion et la force de l’argent qui ont eu le dernier mot. A la tête du CNOM et de la fédération de football, on trouve toujours le général de corps d’armée Housni Benslimane. Néanmoins, des golden boys qui ont réussi en affaires s’impliquent de plus en plus dans le sport. Raja, Wydad, KACM, FUS, MAS…. Tous comptent des hommes d’affaires dans leurs bureaux dirigeants. Certains y sont depuis longtemps, étant de grands fans de ces clubs. D’autres sont tombés dedans un peu par hasard, y ont vu une sérieuse opportunité d’affaires et de relationnel. L’arrivée de Mounir Majidi à la tête du comité directeur du FUS et la grande polémique qui suivit le projet de transformation de ce club en société anonyme en est le plus bel exemple. Les mentalités ne sont pas encore mûres pour le changement. Au sein du club rbati, le secrétaire particulier du roi s’est entouré d’une belle palette d’hommes d’affaires : Mustapha Bakkoury, directeur général de la CDG, Moncef Belkhyat, patron d’AtCom, Ali Fassi Fihri, DG de l’ONE et de l’ONEP, Abdelmajid Tazlaoui, PDG d’Onapar et bien d’autres. Le Raja et le WAC ont amorcé ce virage il y a plusieurs années. C’est ainsi que les Vert et Blanc ont recruté Jawad Ziat, ancien directeur général de Jet 4 You. Les Rouge et Blanc ont pour leur part attiré dans leurs filets Driss Benhima, PDG de la RAM, Mohamed Jouahri, directeur de Maroc Soir, société éditrice du quotidien Le Matin. L’objectif est d’ouvrir le sport sur le professionnalisme. En 2005, le football a signé un contrat programme avec l’Etat, qui peine toujours à être concrétisé. L’athlétisme, qui a signé son contrat une année plus tard, avance à grands pas vers cet objectif. Il faut dire que l’élection d’un homme d’affaires de la trempe d’Abdeslam Ahizoune n’y est pas étrangère.
Présidents de club
Une histoire d’ambitions
Mohamed Semlali
Au début des années quatre-vingt, le Kawkab de Marrakech se morfond depuis une vingtaine d’années déjà dans les méandres de la deuxième division. Le club de Bab Doukala, jadis grande équipe du royaume, n’arrivait pas à s’en sortir et ses supporters regardaient avec dépit et impatience les autres équipes phares du pays rafler tous les titres.
C’est le moment que choisit un homme pour s’imposer en sauveur du club. Cet homme n’était pas n’importe qui, mais l’une des figures les plus puissantes du règne de Hassan II. El Haj Mohamed El Mediouri, garde du corps du roi et chef de la sécurité royale. Il organise dès 1984 une assemblée générale et prend les commandes du Kawkab. En l’espace d’une saison, le KACM réalise une remontée spectaculaire en première division. Deux ans après, il remporte la Coupe du trône. Les Marrakchis opèrent ainsi le come back le plus fulgurant du football national. Et les prouesses d’El Haj El Mediouri ne s’arrêtèrent pas là, puisque dès 1986, le club engrangea coup sur coup trois contrats publicitaires au temps où les autres équipes du championnat avaient du mal à boucler la fin des mois. «Dolidol», «La poste du Maroc» et «Volvo» ont succombé au charme de l’un des hommes clés du système Hassan II.
El Mediouri avait apparemment d’autres vertus managériales, notamment celles de pouvoir diriger l’athlétisme national. En 1993, il s’empare de la Fédération royale d’athlétisme huit années durant, jusqu’en 2000 où il quitte le sérail royal pour un exil parisien volontaire et néanmoins doré.
L’exemple d’El Mediouri a été dupliqué plusieurs fois. Plusieurs hauts dignitaires du sport au Maroc tiraient leur légitimité de leur proximité avec le pouvoir. Ils n’avaient, avant d’exercer leurs fonctions de dirigeants, aucun lien, sinon mineur, avec les milieux sportifs. Ainsi, Driss Basri, même s’il ne dirigea pas lui-même la Renaissance Sportive de Settat, participa activement à faire le bonheur de cette équipe. Une aisance qui s’évapora lorsque l’ancien ministre de l’Intérieur avait été déchu de ses fonctions. Driss Basri avait également dirigé la Fédération royale de golf, chère à Hassan II.
L’histoire du sport national garde en mémoire des clubs et des fédérations qui ont surgi de nulle part sinon de la volonté d’hommes forts qui ne lésinaient pas sur leurs forces et leurs puissances afin de graver leurs noms et ceux des équipes qu’ils dirigeaient dans la conscience collective. Le cas anecdotique de l’USK de Sidi Kacem est volontiers cité par les observateurs à plus d’un titre. Dirigé par le père du général Dlimi, le club était «la terreur» des équipes qui devaient l’affronter et des arbitres qui devaient officier lors de ses matchs joués à domicile.
Aujourd’hui, même si la tendance n’est plus la même, plusieurs cas de dirigeants sportifs estampillés «pouvoir» continuent à exercer leurs «magistère» sans besoin d’onction populaire. Le général Housni Benslimane continue à présider aux destinées du sport le plus populaire au royaume malgré des résultats très mitigés et des contestations récurrentes. Deux autres «proches» du sérail président deux autres fédérations «sensibles». Il s’agit de Mohamed Mouktabil et de Jawad Belhaj qui dirigent le karaté et la boxe. Les autorités préfèrent garder un œil sur les clubs d’arts martiaux de peur qu’ils ne basculent dans le giron de personnes «peu fiables».
Cependant, ces deux dernières années le sport a recommencé à attirer des personnalités de premier plan. Le premier à se mouiller fut Abdeslam Ahizoune, président de Maroc Télécom. Il y a deux ans, il se porta candidat au poste de président de la Fédération d’athlétisme, un poste très convoité et très en vue. D’aucuns disent que l’homme, très prudent par nature, n’aurait pas mis le pied dans l’étrier s’il n’y était pas un peu «poussé» par la volonté royale. C’est le cas aussi de Mounir Majidi, secrétaire particulier du souverain, qui avec l’aide d’une poignée de fidèles hommes d’affaires absorbe le FUS de Rabat pour essayer de le ressusciter et d’en faire le club locomotive au niveau national.
Le même jeu se répète au niveau des régions. Plusieurs clubs dans de petites villes servent de faire-valoir à certains hommes d’affaires fortunés qui veulent embrasser des carrières politiques. Le tout se fait souvent dans le mépris total des règles juridiques et de l’éthique sportive, donnant lieu à un mélange malsain et renvoyant une image catastrophique de la pratique du sport national. Une situation que la plus haute autorité de l’Etat n’a pas hésité à pointer du doigt en appelant tous les concernés à une prise de conscience qui, décidément, tarde à venir.
Les FAR, une équipe pas comme les autres
«C’est une équipe fantôme», se plaisait à dire un célèbre dirigeant aujourd’hui décédé quand il parlait des FAR. Et il avait absolument raison. L’équipe militaire est le seul club du groupement national qui ne tient pas son assemblée générale, qui ne publie pas ses comptes et dont on ne connait pas les statuts. Le reste c’est la légende qui le fait. En effet, l’équipe des FAR a toujours attisé la jalousie des autres équipes, notamment en raison des privilèges dont elle bénéficie. Ainsi, c’est la seule équipe qui dispose pour ses longs voyages d’un avion militaire. Elle s’entraîne dans un centre situé à Salé qui est considéré come le plus sophistiqué et le plus moderne du Maroc. Ce centre d’entraînement et de formation dirigé par un général reste désespérément fermé à la presse. Personne ne sait également combien dépensent les FAR dans une saison ni comment ils les dépensent.
Aujourd’hui, le club le plus titré du royaume avec 12 championnats et 10 coupes du trône glanés a pour président Housni Benslimane, mais il est effectivement dirigé par son président délégué, le général Noureddine El-Kanabi. Sinon, le reste de l’équipe dirigeante ressemble à un état-major secret, ce qui alimente les fantasmes et multiplie les rumeurs.
Quand sport rime avec argent
K. R
L’argent est le nerf de la guerre, et du sport aussi. A l’international, les responsables des clubs et des fédérations, qu’elles soient nationales ou mondiales, l’ont compris depuis longtemps. La Fifa par exemple, considérée comme l’association sportive la plus puissante au monde, gère un budget comparable à celui de la France. Ce n’est pas pour rien que la Fifa de Joseph Blatter est l’organisatrice du deuxième plus grand événement médiatique de la planète, le Mondial en l’occurrence. Au Maroc, nous sommes loin de cette configuration. Jugez par vous-mêmes. Le Comité olympique national ne dispose que d’un budget de… deux millions de DH. Il s’agit d’une dotation étatique versée chaque année. Le CNOM reçoit des dotations du CIO, versées directement aux athlètes pour aider à leur préparation olympique (500 dollars par sportif), ainsi que des versements de l’Association des comités olympiques africains, mais seulement en cas d’organisation de manifestations continentales. Pour le football, le business est un peu plus important. Ce sport brasse au total 300 MDH par an. Entendez par ce chiffre tous les budgets de la fédération, aux alentours de 60 millions DH, des équipes nationales et des clubs. Un club comme le Raja dispose annuellement d’un budget qui avoisine les 30 millions de DH, soit le quart du budget d’un club comme Al Ahly d’Egypte. La deuxième plus grande fédération est celle d’athlétisme. Son budget est de 20 millions de DH. La moitié est assurée par le sponsor officiel de cette instance, Maroc Telecom en l’occurrence. Pour le basket, le budget de la fédération est moins important. La saison dernière, il était de l’ordre de 11 millions de DH. «Ce sont incontestablement les droits de retransmissions des matches du championnats national qui contribuent considérablement dans ce budget. Le hand-ball est moins bien nanti. La fédération dispose d’à peine 4,8 millions de DH. Le club champion du Maroc l’année dernière, la Rabita de Casablanca par exemple, n’avait cette même saison que 900.000 DH. «Comment voulez-vous assurer une bonne gestion et une préparation sportive dans de bonnes conditions avec cette modique somme ?», s’insurge Mohamed Tatbi, président de la Rabita et de la fédération de hand-ball. La fédération de golf a un budget de 4,5 millions de DH. Mais cette somme ne concerne pas l’organisation de la plus grande manifestation golfique du pays qu’est le Trophée Hassan II. Depuis quelques années, c’est une association présidée par le prince Moulay Rachid qui l’organise. Le budget est conséquent puisque les plus grandes entreprise du pays y participent. Mais impossible d’avoir une idée sur le montant consacré chaque année à son organisation. Pour ce qui est du cyclisme par exemple, le budget fédéral est de 1,5 million de DH. Les deux tiers sont engloutis par le Tour du Maroc.
Tous ces sports, malgré la petitesse de leurs finances, peuvent passer pour les plus chanceux. La Fédération royale marocaine de full contact bénéficie d’un budget de 900.000 DH. «Plus de la moitié est allouée à la participation aux tournois et championnats internationaux ainsi que la tenue de stages de préparation des équipes nationales», souligne Abdelkrim Hilali, président de cette instance fédérale. Pour un sport comme les échecs, le budget l’année dernière était de l’ordre de 240.000 DH.
Des clubs légendaires mais pauvres
M. S
Le Maroc est à moitié rouge et à moitié vert. C’est vrai sauf que d’autres couleurs nuancent le spectre sportif marocain. Les deux clubs prestigieux du royaume se trouvent à Casablanca. Ils ont pour noms le Wydad et le Raja et à chacune de leurs rencontres, ils rameutent des milliers de supporters et déchainent les passions. C’est que les deux clubs, contrairement à beaucoup d’autres, ne sont pas une création artificielle ou élitiste. Il s’agit plutôt de la volonté populaire assumée par certaines personnes. Ainsi, le Wydad voit le jour dans l’ancienne médina de Casablanca en 1937. Des personnalités marocaines, juives et musulmanes, bravent l’interdiction du protectorat et créent une association sportive 100% marocaine. Ils narguent ainsi les clubs «français» : le RAC et l’USM. Le Wydad, en l’espace de quelques années, est devenu le porte-flambeau du nationalisme marocain. Chacune de ses victoires contre l’USM et le RAC était vécue comme une grande fête. Mais Casablanca était très grande et très hétéroclite pour qu’elle se donne exclusivement à un seul club. En 1949, plusieurs figures du syndicalisme marocain créent le Raja et le portent à bout de bras. Une rivalité commence alors entre les deux clubs qui se disputèrent les titres mais surtout et essentiellement le cœur des Casablancais et des Marocains.
A Fès, autre bastion du nationalisme marocain, un autre club voit le jour pour donner la réplique aux équipes «françaises». Le MAS est constitué en 1946 par l’élite autochtone pour donner la réplique à l’US Fès, club où ne jouaient que les Français. Une année plus tard, le Kawkab est fondé à Marrakech.
Quand, au début de l’indépendance, le pouvoir se rend compte que l’équipe de la capitale, le FUS de Rabat créé en 1946 a du mal à rivaliser avec les autres clubs du royaume, une idée germe dans la tête de Hassan II. Créer une équipe qui bénéficie de l’appui total du pouvoir sans que cela ne soit contesté et qui pourra damer le pion aux autres équipes «nationalistes» dirigées par des opposants à son régime. En 1958, le club des Forces Armées Royales voit le jour et s’impose dans le championnat national. Il fut même le premier club à participer, en 1968, à une coupe africaine et même à en remporter une en 1985.
Cela dit, les clubs marocains, comparativement à leurs homologues tunisiens et égyptiens, sont très mal structurés et impécunieux. Ce qui influe grandement sur leur rendement et leurs résultats. Alors qu’en Egypte par exemple, le National du Caire et le Zamalek tutoient les 25 millions d’euros comme budget de fonctionnement et qu’en Tunisie l’Espérance et l’Etoile du Sahel ont des budgets qui avoisinent les dix millions d’euros, les clubs marocains se contentent de budgets maigrichons qui arrivent péniblement à 4 milliards de centimes pour les plus riches d’entre eux à savoir le Wydad et le Raja.