Nommé à la tête de la direction technique nationale de la Fédération royale marocaine de golf depuis trois ans, Karim Guessous est du genre très discret. A 43 ans, ce jeune Rbati avait très tôt sa petite idée en tête et ses parents ne regrettent sans doute pas maintenant de l’avoir initié au golf. Son baccalauréat en poche, il part en France poursuivre ses études avant de faire un virage et passer un brevet d’éducateur sportif de premier degré. Ses premières armes, il va les faire en 1989 avec l’un des plus grands professeurs, David Leidbeiter. Fort de cette expérience, il rentre au bercail en 1992 pour enseigner au Royal golf d’Anfa, Mohammedia. Cinq ans plus tard, il est nommé entraîneur national adjoint et assure par la suite l’intérim après le départ de l’entraîneur principal. Un parcours qui le conduit à la tête de la DTN. Depuis, il n’a qu’une seule ambition. «Je n’ai qu’une envie, c’est de voir ce sport se développer et les nationaux émerger de plus en plus sur la scène internationale. Mon devoir, c’est de participer à des programmes de développement, de vulgarisation et de démocratisation de cette discipline, bien qu’aujourd’hui on ne peut pas considérer que cette activité est très accessible. Mais si on reste fermé on n’y arrivera pas; il faut jouer la voie des nombres et à partir de là mettre en place un système qui incite plus de gens à pratiquer ce sport », nous a déclaré Karim Guessous. En attendant que son rêve se transforme en réalité, il participe à la mise en place du Moroccan Pro Tour, un circuit réservé aux professionnels, lancé en 2004, insufflé par l’association du trophée Hassan II, financé par les partenaires de cette association et mis en oeuvre par la fédération, et notamment sa direction technique. Ce circuit permet d’établir un vrai classement au terme d’une série de tournois internationaux organisés au Maroc. Des primes sont accordées aux meilleurs. Depuis lors, on a remarqué une évolution très nette de certains golfeurs marocains qui deviennent des professionnels au vrai sens du terme. Cependant, on assiste ces derniers temps à un essoufflement de ce circuit. Le haut niveau requiert un investissement moral, physique et surtout financier, ce qui nécessite la collaboration d’experts pour atteindre la performance, ce que ne semble pas contester Karim : «Ce qu’il faudrait, c’est peut-être revoir notre système puisque depuis 2006 les résultats semblent stagner. Il faut revoir toute la philosophie de ce tour maintenant. Le circuit doit évoluer d’une manière beaucoup plus méritocratique et changer de cap parce que les joueurs se sont installés dans une forme d’assistanat. Moi je verrai maintenant les dotations beaucoup plus importantes pour les meilleurs et un peu moins de dotations pour le reste des joueurs. C’est à ce prix là qu’on peut réussir. C’est la nécessité d’aller vers la performance, d’aller vers le gain .» Entre le besoin de réaliser de bons résultats et celui de s’en sortir financièrement, les meilleurs golfeurs marocains sont partagés. Tous reconnaissent que leur situation s’est améliorée mais la frustration l’emporte sur la satisfaction. Maintenant qu’ils côtoient continuellement les joueurs étrangers ils se disent qu’il leur faut si peu pour jouer dans la cour des grands. Dépasser ce cap pourrait être aussi une expérience enrichissante… au propre comme au figuré.