Le Maroc vient de se doter d’une société de « crédits carbone ». Dénommée Fonds capital carbone Maroc (FCCM), cette société compte dans son tour de table la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) à hauteur de 50%, la Caisse française des dépôt et consignation (CDC) et la Banque européenne d’investissement (BEI) avec 25% chacune.
Le lancement et la signature du pacte d’actionnaires du Fonds ont eu lieu récemment en présence de Mustapha Bakkoury, DG de la CDG, Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI et Pierre Ducret, directeur des services bancaires à la CDC, en charge du développement durable. Le Fonds Capital Carbone Maroc est géré par Accès Capital Atlantique S.A, une filiale à 100% du Groupe CDG, spécialisée dans la gestion de fonds d’investissement.
«L’investissement de la BEI est réalisé sur ressources budgétaires de l’Union européenne dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV), de même que l’assistance technique mise en place. Le fonds bénéficiera en effet de l’expertise de spécialistes internationaux du carbone qui accompagneront l’équipe de gestion au cours de sa première année de fonctionnement et lui permettront de mettre en œuvre les meilleurs standards internationaux dans le secteur.»
Spécialement dédié à la « finance carbone » au Maroc, ce Fonds, d’une taille cible de 300 millions dirhams (soit 26,5 millions d’euros), devra accompagner les promoteurs marocains dans la réalisation de leurs projets s’ils sont conformes au Mécanisme pour un développement propre du Protocole de Kyoto sur les changements climatiques. En contrepartie, ils pourront bénéficier de crédits carbone sur la période 2008-2017. «Le FCCM accompagnera les promoteurs marocains dans la réalisation de leurs projets MDP par l’acquisition de leurs crédits carbone sur la période 2008-2017. Il intervient dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, de la gestion des déchets, du boisement et du reboisement», lit-on sur le site de la CDG. «Il n’est pas nécessaire d’attendre que nous soyons un plus grand pollueur (…) pour mettre le pays sur les rails», avait indiqué Mustapha Bakkoury, lors d’une rencontre en début d’année à la Chambre française du commerce et de l’industrie à Casablanca.
Le MDP est un instrument financier permettant aux projets générant des crédits carbone de valoriser ces crédits sur le marché international du carbone, et par conséquent de disposer d’une ressource financière supplémentaire.
Le Mécanisme pour un développement propre du Protocole autorise, en effet, une entreprise d’un pays industrialisé à engranger des crédits en investissant dans des projets qui réduisent les émissions de CO2 dans les pays en développement. Le marché des crédits carbone a été créé en vertu du protocole de Kyoto qui oblige les pays développés à réduire de 5,2% d’ici à 2012 (par rapport à 1990) leur émission de gaz à effets de serre.