Le bricoleur de l’incurable

C’est à Mohamed El Baz, artiste plasticien inclassable, qu’échoit la mission d’occuper l’espace de l’atelier «La Source du lion». Une carte blanche que l’artiste a sitôt fait de transformer en carte noire, en référence aux ampoules électriques noires qui parsèment sa nouvelle installation.

L’installation, comme les précédentes, s’inscrit dans une continuité qui évolue dans le temps. Car cela fait bientôt quinze ans que Mohamed El Baz s’essaye à «bricoler l’incurable» -titre générique de l’ensemble de son oeuvre, qu’il bricole, additionne, conjugue, au gré des circonstances.

Perpétuelle construction

Comment nommer ou décrire son travail ? L’artiste répond : «Je ne crois pas à l’idée qu’il faut absolument cataloguer ou nommer des oeuvres».

Mohamed El Baz s’attèle depuis lors à édifier une sorte de projet où toutes les composantes s’intituleraient du même nom sauf que chaque oeuvre serait un détail de ce projet en perpétuelle construction.

C’est pour cela qu’on trouve chez Mohamed El Baz un peu de tout. Des supports qui s’entremêlent: photographie, sculpture, peinture, vidéo, son, écriture…

Un bricolage aux allures de brocante singulière, savamment orchestrée. Une oeuvre qui procède de l’assemblage d’éléments qui, a priori, pourraient sembler disparates mais qui s’emboitent parfaitement au sein d’une installation. Des éléments souvent banals, des babioles du quotidien que l’artiste rehausse par des ornements lumineux. Le tout construit en fonction de l’espace qui lui est consenti ou proposé. L’espace de l’atelier «La Source du Lion» se prête d’ai leurs bien à la monumentalité de son oeuvre. Dans ce « bricolage », l’artiste, installé en France, met en scène des objets appartenant à des codes de représentation très différents, où le Maroc tient une place imposante.

Un projet conduit par l’énergie de Mohamed El Baz certes, mais où d’autres personnes, d’autres talents interviennent. Il a la modestie d’avouer qu’il ne sait pas tout faire: «Ce qui m’intéresse, c’est ce dont j’ai besoin et je me donne les moyens, le temps et les possibilités de rencontres pour pouvoir le faire». Dans toutes les manifestations auxquelles il participe, sont représentés ce qu’il appelle les « détails » de ce projet.