Le groupe Crédit Agricole du Maroc accordera 20 milliards de dirhams

Le Groupe Crédit Agricole du Maroc s’engage à accompagner le plan Maroc Vert 2009-2013. Tariq Sijilmassi président du directoire du groupe a tenu tout de même à replacer dans le contexte la voie que vient d’emprunter l’établissement financier. «La banque s’est engagée dans un exercice presque de haute voltige ». Une haute voltige dans le sens qu’il s’agit de préserver les équilibres financiers d’une entité qui revient de loin. La restructuration de l’ex CNCA se trouve dépassée puisque d’une situation déficitaire, il y a quelques années, la banque enregistre aujourd’hui des bénéfices. Ses objectifs demeurent, toutefois, doubles : répondre aux normes de BAM en tant que banque à part entière et maintenir sa mission première de service public. «Cette dernière ne signifie pas l’octroi aveugle des crédits qui risquerait de mener à perte la banque ». Les messages du manager sont clairs. Le montage financier et les structures accompagnant la démarche plus complexes. L’enjeu, par ailleurs, est clair: soutenir quelque 15 millions d’agriculteurs vivant de l’agriculture. L’action passera ainsi par le Plan Maroc Vert. A ce dessein, une enveloppe de 20 milliards sera octroyée par le groupe CAM.

La manne sera affectée en fonction des différentes catégories de clientèle, ceci dans un souci d’équilibre financier. 1 milliard sera alloué à la fondation ARDI qui vise l’accompagnement de plusieurs centaines de petits agriculteurs (voir encadré). Le soutien à cette population organisée en micro exploitations ne répondant pas aux normes de financement bancaires s’intègre à la logique de l’INDH. 5 milliards de dirhams iront aux exploitations agricoles « ne répondant ni à une approche bancaire classique de par leur fragilité économique et juridique, ni à une approche micro finance compte tenu de la nature de leurs besoins», précisera, à son tour, Hanane Aajli, directrice du cabinet du président du groupe CAM. Et c’est dans cette optique que la Société de financement pour le développement agricole (SFDA) a été créée. La structure aura pour mission, entre autres, d’accompagner la reconversion des agriculteurs dont les cultures ont été jugées très difficiles (piments dans la région de Khenifra par exemple).

La réflexion ne date pas d’hier. Le gouvernement Jettou avait déjà défriché le terrain en s’entourant du soutien américain à travers l’USAID. Cette aide se traduit aujourd’hui à travers le Millenium Challenge Account. Et c’est la culture de l’olivier qui a été retenue en matière de reconversion. Une telle démarche exige un accompagnement tant sur le plan financier qu’en matière de transfert de savoir faire s’agissant de nouveaux procédés.

L’intervention de la SFDA vise à satisfaire le premier besoin. Globalement, la SFDA vise toutes les exploitations agricoles s’imbriquant dans des programmes gouvernementaux structurants. Le groupe CAM a verrouillé au niveau des risques dans le sens que l’Etat s’engage de son côté à créer un fonds de stabilisation prudentielle. Les erreurs du passé où la banque jouait plus un rôle social en essuyant les ardoises des petits agriculteurs frappés par la sécheresse seront ainsi écartées d’emblée.

Enfin, les 14 Mds de dirhams transiteront a directement au niveau du CAM. Le processus devra être rapidement actionné pour profiter des fortes précipitations enregistrées ces derniers jours. Car il ne s’agit pas de perdre en ligne de compte le facteur climatique. Il est fondamental.