Le Maroc récupère le Nord

Ahmed charai

Les investissements colossaux en infrastructures ont permis non seulement de désenclaver les deux régions du Nord et de l’Oriental, mais d’attirer des investissements tout aussi colossaux qui en feront, à n’en pas douter, deux locomotives du développement du pays dans les années à venir. Saïdia et Marchika ont l’envergure de mega-projets touristiques. Au Nord, la dynamique est déclenchée depuis longtemps. Le maintien du projet Renault, malgré la crise du secteur automobile, en dit long sur la confiance retrouvée des investisseurs.

Cet effort n’a pas seulement des effets positifs sur le plan économique. Il faut se souvenir que ces deux régions ont été laissées à l’abandon pendant des décennies. On y recensait le plus fort taux de chômage du pays et des activités à la marge de la légalité comme premières ressources. La tendance est aujourd’hui inversée, les gisements d’emploi sont là et l’on peut s’attendre à ce que cela attire les jeunes des régions environnantes.

Cet effort s’inscrit clairement dans une vision globale, très politique. Nous sommes dans un projet de réconciliation et de justice sociale, et les populations le ressentent ainsi, ce qui cimente encore plus l’unité nationale.

Il ne faut pas perdre de vue que l’Oriental a subi de lourdes pertes après la fermeture des frontières avec nos voisins de l’Est. Privé de ce qui était un espace naturel, l’Oriental suffoquait. La rocade méditerranéenne le liant au Nord le désenclave et permet un redéploiement prometteur.

Les projets inaugurés par le Roi développent une vocation touristique dans le respect de l’environnement qui tirera les autres secteurs d’activité. Le refus de l’Algérie d’ouvrir les frontières ne pénalise plus l’Oriental, c’est un acquis politique majeur.

Le second acquis a trait à Sebta et Melilia. Les deux villes occupées ne vivent que grâce aux échanges, légaux ou pas, avec le Maroc. Le développement de l’Oriental et du Nord, finira par asphyxier l’économie des deux villes. C’est une perspective datée. Dans moins d’une décennie, elle sera une réalité. Les Espagnols l’ont bien compris et tentent de trouver une parade. Madrid sera obligée de négocier sérieusement le statut des deux villes quand elles ne seront plus qu’un gouffre budgétivore.

L’on se rend compte que l’effort public dans ces deux régions a des objectifs multiples au-delà du développement, objectif tracé pour l’ensemble du territoire.

La face Méditerranéenne du Maroc rejouera son rôle pilote dans l’avancée du pays. Ce n’est que justice pour nos concitoyens.

Comment le Maroc veut récupérer Sebta et Mellilia

Mohamed Semlali

Y-a-t-il une volonté marocaine pour récupérer Sebta et Méllilia ? La question mérite d’être posée au vu du comportement adopté par la diplomatie marocaine par rapport à ce sujet. A l’exception de l’épisode très chaud de l’îlot «Leila-Péréjil» qui a failli virer à l’affrontement militaire direct entre le Maroc et l’Espagne, les revendications marocaines dépassent rarement les déclarations d’intention ou les prises de positions de circonstances. Ce n’est pas que les deux villes et les autres présides occupés ne figurent pas en tête de liste des priorités du royaume, mais la question est plus complexe. Dans cette affaire, le Maroc ne fait pas seulement face à son voisin du Nord, mais également à l’Union européenne et à l’OTAN. Deux structures avec lesquelles le pays ne peut se permettre ni un conflit ouvert ni des tensions permanentes.

Sur le plan géostratégique, le Maroc est coupé de ses profondeurs naturelles que sont l’Algérie (en raison d’un voisin incontrôlable et imprévisible) et de l’Afrique par le conflit du Sahara qui n’est pas encore résolu. Il est donc impensable et même suicidaire de se couper du Nord pour n’importe quelle raison, aussi légitime soit-elle. Cela veut-il dire que le Maroc a laissé tomber Sebta et Mellilia, qui deviennent du coup assez difficiles à revendiquer ? Répondre par la négative, c’est ignorer les réalités du terrain. Si sur le front diplomatique, les choses sont calmes, cela ne veut absolument pas dire que le Maroc n’a pas de stratégie pour récupérer ses biens spoliés. D’après un observateur averti à Rabat, le royaume est conscient que le rapport de force face à une Espagne ancrée solidement en Europe et adossée militairement à l’OTAN est en sa défaveur. En outre, selon le même observateur, les responsables marocains veulent jouer le temps. Ce qui a été pris il y a des centaines d’années ne peut être rendu facilement et rapidement. C’est un travail de longue haleine que le pays doit entreprendre et pour cela il faudrait adopter une stratégie bien réfléchie.

En 1999, le Maroc connait une succession très fluide à la tête de l’Etat. Le nouveau roi adopte un nouveau mode de gouvernance. Il est plus proche du peuple et surtout très attiré, contrairement à son prédécesseur, par les affaires économiques. Sa première attention est captée par l’état lamentable dans lequel se trouve la région Nord du pays. Il y multiplie les tournées et se rend compte que malgré l’existence d’un fort potentiel de développement, la région dépend de Sebta et Mellilia. Toute l’économie est plongée dans l’informel et les deux villes occupées sont les deux points lumineux dans un océan d’obscurité. Le roi décide le désenclavement de la région et le lancement de plusieurs travaux d’infrastructures. Deux méga projets vont constituer les fers de lance d’une stratégie marocaine dont on commence à voir les contours. Tanger-Med n’est pas uniquement un port de transbordement sur la Méditerranée. C’est d’abord une action politique. Le Maroc installe ce qui est appelé à devenir le premier port de la région, à quelques kilomètres de Sebta. Des zones logistiques et des investissements industriels sont également dans le pipe. Entre Tanger et Tétouan, que ce soit sur le littoral ou dans l’arrière-pays, de grands travaux sont lancés. Les deux villes du Nord-ouest marocain ne sont plus qu’à deux heures et demie de la capitale. L’ancienne ville internationale voit les investisseurs converger vers ses zones industrielles et vers ses plages. L’infrastructure suit. Après l’autoroute, de grands travaux sont entrepris pour moderniser et agrandir l’aéroport Ibn Battouta. L’Open Sky aidant, la ville est reliée à plusieurs destinations européennes. Tétouan n’est pas en reste. Elle subit une mise à niveau urbaine accélérée. M’dieq et Fnideq, jadis petites bourgades poussiéreuses, renaissent et deviennent des stations balnéaires importantes. Signe des temps, la région voit s’installer plusieurs grandes surfaces, elle qui, il y a juste quelques années, était le principal souk fournisseur du pays.

La tendance est inversée. Sebta n’et plus désormais qu’une ville de passage. Les autorités locales et les commerçants sebtaouis tirent la sonnette d’alarme et exigent des plans de sauvetage du gouvernement espagnol. Tuer Sebta économiquement afin de la rendre inutile, voire un fardeau pour le contribuable espagnol, n’est plus un vœu pieux, mais une réalité qui chaque jour prend un peu plus d’ampleur. La ville florissante, grâce à la contrebande, est en train de devenir une ville-garnison où se côtoient militaires espagnols, retraités et surtout mafias des deux pays. Pas de quoi rassurer sur l’avenir de cette ville. La situation est semble-t-il assez grave, puisque les autorités de Sebta ont demandé l’annulation du visa pour les Marocains désirant se rendre dans la ville.

Le Maroc ne semble pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. Grâce à son port militaire, Sebta sert de point d’appui et de ravitaillement pour tous les navires de guerre qui traversent le détroit. Même sur ce point, le royaume riposte. La création d’un grand port militaire à Ksar Sghir a pour but de protéger la façade méditerranéenne ouest du pays, mais également d’équilibrer «l’offre militaire». Le Maroc est un partenaire de premier choix de l’Otan dont les navires empruntent souvent le passage du détroit et sont obligés de s’arrêter quelques jours. Du coup, Sebta n’est plus aussi importante sur le plan géostratégique.

Au Nord-Est, un autre projet reconfigure la région. Faire de Saïdia une station balnéaire internationale est un projet ambitieux certes, mais il n’est pas le seul. Pour ne pas parasiter le lancement de Tanger-Med, le Maroc attend quelques années. La création d’une zone franche à Beni Nssar à Nador est une idée qui existait depuis le milieu des années quatre-vingt, mais a été toujours repoussée. Mellilia est le centre névralgique du Nord- Est marocain, mais plus pour longtemps. Si Sebta n’est qu’à une vingtaine de kilomètres de l’Espagne, Mellilia, elle, est loin et la proximité de Nador lui pèse. Aujourd’hui, le gouvernement marocain sort des cartons un projet très ambitieux pour compléter la mise à niveau du Rif. Nador sera un port de stockage de produits énergétiques. Dans un monde traversé par des conflits en matière d’énergie, Nador peut être un recours au moment des crises surtout que la ville est idéalement située aux portes d’un continent énergétivore et totalement dépendant des pays producteurs d’énergie qui ne sont pas toujours animés des meilleurs intentions envers l’Europe.

Ce qui est vu aujourd’hui comme une stratégie marocaine de développement du Nord peut également être lu comme une politique d’étouffement de deux villes occupées par l’Espagne. Un jour ou l’autre et face à la dynamique que connait le Nord marocain, ces deux villes qui ne peuvent continuer à exister et à prospérer qu’au sein de leur environnement immédiat et naturel seront obligées de regarder vers le Maroc… Ce jour là les négociations commenceront.

Tanger Med
L’avenir du Nord

Le port Tanger Med est la pierre angulaire d’une plate-forme multimodale performante grâce à sa situation stratégique sur le détroit de Gibraltar à la croisée des plus grandes routes maritimes, ses infrastructures de premier ordre et ses connections routières et autoroutières. Intégré dans un circuit logistique international, il servira les zones logistiques et industrielles actuelles et futures et stimulera la compétitivité des entreprises installées au Maroc en offrant un degré de connectivité intercontinentale inégalée dans la Région. Le complexe portuaire de Tanger Med a réussi à rassembler autour de lui les meilleurs prestataires sur le marché du transport maritime. En installant dans le complexe portuaire les plus grands armements mondiaux (Maersk, MSC , CMA-CGM) ainsi que des leaders portuaires comme Eurogate-Contship et PSA, Tanger-Med s’est inscrit dans les meilleures pratiques techniques, logistiques et managériales de l’économie globale. Les équipements et l’infrastructure du port Tanger Med ont été conçus en vue de recevoir les plus grands navires porte-conteneurs au monde et de fonctionner aux meilleurs standards de productivité, de sécurité et de sûreté. Depuis son ouverture en juillet 2007, le port Tanger Med a reçu une large panoplie de navires dont les plus grands porte-conteneurs du monde avec leurs 400 mètres de longueur. Depuis avril 2007, Tanger Med a pris une dimension accrue avec le lancement d’un nouveau portà conteneurs, situé au flanc Ouest de Tanger Med I. Ce nouveau projet, encore plus ambitieux que le premier, conduira à la réalisation de nouveaux terminaux à conteneurs en eaux profondes qui offriront une capacité supplémentaire de 5 millions de conteneurs EVP, s’ajoutant aux 3 millions du premier port. Le lancement de ce projet ambitieux a été rendu possible grâce à une évolution positive de la demande en infrastructures portuaires, à la position stratégique et optimale du détroit de Gibraltar et à l’expérience réussie du premier port.

Marchica Med
Vers le Grand Nador

«L’impulsion décisive donnée par l’Initiative royale pour le développement de la région et la feuille de route tracée dans son discours du 18 mars 2003 à Oujda a permis de sortir l’Oriental de son hibernation et de mettre en exergue ses nombreuses potentialités, transformant son premier atout géographique en facteur de développement. L’un des objectifs principaux que s’est fixé Marchica Med est la participation au développement socio-économique du Grand Nador. L’important projet d’aménagement de la lagune de Marchica est destiné à restructurer l’économie locale à travers la qualité des réalisations sur le plan urbanistique et environnemental. Ainsi, le projet d’aménagement de la lagune de Marchica vient confirmer la vision stratégique de SM le Roi Mohammed VI pour le développement de l’ensemble du Nord, du Rif et de l’Oriental. Marchica Med compte ainsi investir le potentiel naturel unique de la lagune et environs comme levier de croissance d’une économie verte et d’un développement durable à l’échelle de la région du Grand Nador. Les premières esquisses du projet ont été présentées en juillet 2007 à sa Majesté le Roi et durant les deux dernières années, un certain nombre d’études stratégiques, urbanistiques, architecturales et techniques approfondies ont été menées. L’ensemble des études menées dresse l’image d’un site fragile à haut potentiel touristique, et Marchica Med est consciente de la grande importance du patrimoine exceptionnel que représente la lagune et compte en faire bon usage. Un choix stratégique a été adopté pour faire de cette zone une station unique sur 2000 hectares dans la Méditerranée, tout proche de Saïdia. Elle fait donc partie intégrante d’une destination touristique d’envergure dans le nord du Royaume et qui prendra sa forme finale à l’horizon 2025. Sous les hautes directives de SM Le Roi Mohammed VI, Marchica Med aspire à un développement durable de la région du Grand Nador basé sur une économie verte avec de hautes exigences environnementales.»

Saïdia
Entre Alméria et Oran

«Aujourd’hui, et avec la volonté royale, les retombées des projets lancés et déjà mis en place dans la région du Nord et l’Oriental seront importantes pour l’avenir de cette destination. Les effets bénéfiques sur l’activité économique ne devraient pas se faire attendre. C’est dans cette logique que s’est inscrit le projet touristique de Mediterranea Saïdia. La station touristique, Mediterranea Saïdia représente une aubaine pour la région de l’Oriental, qui n’est pas très bien servie en matière d’équipements touristiques, et pour le Royaume, qui compte accueillir 10 millions de touristes à l’horizon 2010. Avec ce nouveau projet, le Groupe Fadesa Maroc et ses différents partenaires se sont fixé comme objectif de faire de Mediterrania Saïdia une référence importante du tourisme international sur la Méditerranée, avec une offre nouvelle, diversifiée et originale. La réussite de la destination Mediterrania Saïdia est une des priorités du groupe Fadésa Maroc. C’est un grand resort touristique aux portes de l’Europe, bâti sur un site de plus de 700 ha avec un front de mer de 6 Km de plage de sable blanc. L’ouverture de cette première station du plan Azur vient confirmer le succès déjà enregistré de la Vision 2010. Ce projet de grande envergure est situé à Saïdia au Nord du Maroc, près de l’Algérie et en face des côtes d’Almeria en Espagne, dans la province de Berkane, région Orientale, à quelques kilomètres de l’aéroport d’Oujda et à 70 Km de l’aéroport de Nador; les deux ayant des dessertes internationales.»