Il existe diverses raisons pour lesquelles une candidate à l’embauche ne se verra pas rappelée à la suite d’un premier entretien: ce qu’elle a dans la tête mais aussi ce qu’elle a dessus. Un carré de tissu peut ainsi faire toute la différence lorsqu’il s’agira de recruter des profils. Inutile de préciser que l’on se trouve au Maroc, aux dernières nouvelles toujours musulman. Soyons honnêtes, cette forme de tri ne fait certes pas l’unanimité mais reste assez fréquente pour qu’il faille la pointer du doigt. Le phénomène tire son origine d’une prétendue lutte contre l’intégrisme et plus loin encore dans le raisonnement contre le terrorisme. Une dynamique qui s’est accentuée au lendemain des attentats qu’a connus le Maroc et de ceux dont il a été témoin à l’échelle internationale. Il s’ensuivit, à tort ou à raison une méfiance systématique envers les emblèmes religieux et les manifestations un peu trop zélées des uns et des autres. Seulement l’habit ne faisant pas le moine ou plutôt le terroriste dans ce contexte-ci, il s’est avéré que les poseurs de bombes s’habillaient en général de façon moderne et écoutaient probablement même Fifty Cent avant de se lancer dans la manipulation du TNT. Le Maroc s’est tour à tour voilé et dévoilé en fonction des évènements majeurs qui ont marqué son histoire. Dans ce cas, pourquoi prendre la mouche et y voir plus qu’un simple choix ? Mieux encore, comment se fait-il qu’un geste lié à la culture islamique donne lieu à toutes ces controverses mal placées. Beaucoup de femmes l’ayant adopté se voient éconduites lorsqu’elles postulent pour certains emplois. Evidemment la chose n’est jamais présentée comme telle. Le recruteur se contentera d’user sans grandes convictions de banales excuses dont personne n’est dupe. Il y a aussi le fait que sous couvert de modernité, plusieurs entreprises souhaitent afficher une image mettons occidentalisée «ne cadrant pas», avec celle d’une tête couverte. Cela donne «mieux» de présenter un staff facilement assimilable à la nouvelle conception que l’on se fait du progrès socio-économique. «Plusieurs multinationales et plusieurs banques refusent tacitement le hijab et cela sans égard au fait que nous soyons dans un pays musulman où ce cas de figure reste des plus fréquents» précise Fouad Benmir, qui ajoute : «La chose est grave, dans le mesure où de telles exclusions sont à même de générer des fractures sociales dont nous n’avons certainement pas besoin». Le plus étonnant c’est qu’à ce jour il n’existe aucun texte légal, aucune charte nationale ou aucune institution illustrant expressément son incompatibilité avec le hijab. D’où vient alors le fait que même des départements publics commencent à faire les difficiles ? «Ma sœur malgré d’excellentes notes au Bac, raconte Soukaina, n’a pas été acceptée dans la marine à cause du voile pour cause d’incompatibilité avec l’uniforme. Dans d’autres structures où elle avait postulé, il lui avait même été demandée de le retirer». La situation n’est pratiquement pas très différente de ce qui se passe ailleurs, sauf que nous ne pouvons jouer la carte de la laïcité ou encore celle d’une culture qui n’est pas la nôtre. On a eu l’occasion d’assister à plusieurs bras de fer au sein de telle ou telle compagnie, le dernier en date mettant cette fois-ci en cause les gardiennes des centres pénitentiaires. Autant de cas qui témoignent d’une polémique qui n’a pas fini de faire du bruit. Il est assez paradoxal de constater en parallèle tous les efforts entrepris visant l’égalité entre les individus quant à l’accès au travail. L’équité est en permanence prônée comme une chose allant de soi à tous les niveaux, alors même qu’ à valeurs égales et diplômes égaux tout le monde ne bénéficie pas d’un traitement unique. Pourquoi s’offusquer de ce qui se passe ailleurs, quand on a tout à portée des yeux chez soi…