Le Maroc debout face aux réseaux de la haine
ahmed charai
Dès que le Maroc lance une grande réforme ou s’apprête à fêter un grand événement, les mêmes, pratiquement les mêmes, recommencent leurs manœuvres. Et cela se passe toujours de la même manière. Profitant du vent de liberté qui souffle sur le Royaume, ils s’engouffrent dans cette brèche grande ouverte et procèdent à des attaques en règle. Il ne faut pas remonter loin dans le temps pour trouver les traces de telles manœuvres. Un article paru dans le quotidien Le Monde ces dernières semaines met le landernau économique marocain en émoi. L’écrit, d’apparence anodine, remettait totalement en cause les bonnes performances de l’économie nationale. L’article, dont la rédactrice a été reçue par les officiels marocains, promettait des jours sombres à l’économie nationale. Si ce n’est pas un acte malveillant, l’article est tout sauf objectif. Certains responsables à Rabat n’éloignent pas la mauvaise foi, d’autant plus qu’une semaine après l’article du Monde, c’est la chaîne française France 5 qui diffuse un reportage sur la nouvelle station balnéaire de Saïdia. Le film tourné à deux mois de l’ouverture d’un projet censé sortir toute une région de l’enclavement et de l’oubli et d’impulser une véritable dynamique de développement va dans un seul sens. Saïdia est un crime écologique qui accumule les erreurs techniques et urbanistiques. Ce qui est bon en Espagne, en Tunisie ou en Egypte, revêt au Maroc les habits d’un scandale. Le traitement est tout sauf professionnel et objectif. Le timing est bien choisi. Il faut planter le lancement d’un projet qui risque de faire du mal à la concurrence. A Rabat, la tension est à son comble. Comment pourrait-on traiter comme ça un pays qui ne cache rien et qui accorde des autorisations de tourner à qui le veut, alors que dans les pays voisins, les équipes de télévisions et les journalistes se font intimement accompagner.
Aujourd’hui, le dixième anniversaire de l’accession du Souverain au trône du Royaume est l’occasion pour les plus grands journaux de faire le bilan, tirer les conclusions et dresser les constats. Un travail normal et légitime. Ce qui l’est moins, c’est la manière de procéder. Ces derniers jours, Jean Pierre Tuquoi, le correspondant au Maghreb du quotidien parisien Le Monde, a fait la tournée des responsables marocains. Réputé pour écrire le contraire de ce qu’il a entendu, il s’est retrouvé seul à Rabat. Même les plus irréductibles des opposants ont refusé de le rencontrer. Une fin de non recevoir pour une seule et unique raison: «Tuquoi trempe sa plume dans l’encrier de la haine», se plait à dire une de ses sources qui voyait toujours ses informations biaisées. Il est connu d’ailleurs que celui qu’on a affublé du surnom «sympathique» et néanmoins plein d’aprioris de Prince rouge redevient à chaque fois le passage obligé de tous les oiseaux de mauvais augure. Il n’est pas un article tendancieux ou un écrit alarmiste qui ne porte pas la signature «cachée» de cette personne. Le grand reporters du quotidien Le Monde, en «investigation» à rabat n’a pas manqué de lui quémander quelques pistes de réflexion et quelques conseils avisé. D’ailleurs, puisque «le prince rouge» n’a aucun rôle à jouer dans un Royaume dont tout le monde reconnait la dynamique de développement et salue les grandes avancées sur tous les fronts, il campe aujourd’hui le rôle d’un «Cassandre»… qui ne voit que la moitié vide du verre. Si moitié vide il y a.
Attitude imbécile
A. C
Il y a une attitude, marginale, mais hyper-médiatisée qui traverse certains milieux et consiste à dénigrer tout ce que le Maroc a réalisé : cette animosité de principe, aveugle ses tenants qui en sont amenés à nier les évidences.
Le quiproquo de base concerne la nature même de la période historique. La transition a bel et bien une signification. C’est l’étape qu’il faut parcourir pour passer de l’Etat de non droit à l’Etat de droit tel que le consacrent les valeurs universelles.
Le Maroc n’est pas encore une démocratie aboutie, ni un pays «moderne» aux standards universels. Il est en transition vers ces deux caps, qui n’en sont qu’un en fait. L’honnêteté intellectuelle voudrait que l’on s’attache aux avancées, aux acquis, et que l’on mette en lumière les difficultés, là où les résistances freinent la marche vers le cap désigné.
Une telle attitude aboutit à une critique positive, à une évaluation correcte.
Par contre, l’attitude imbécile consistant à dévaloriser tout ce qui a été entrepris, à comparer abusivement le Maroc, non pas avec des pays en transition, mais avec les démocraties abouties n’induit que la démobilisation et une crispation inutile, qui n’apporte rien au projet collectif.
Il se trouve que les tenants de cette certitude sont rarement animés par un dessein collectif. Ce ne sont ni des révolutionnaires ni même des démocrates. Nombrilistes, ils sont animés de rancœur, tout simplement. Ambitieux éconduits, ils ont tous au début du règne été candidats à quelque chose. Le ressentiment est leur unique moteur.
Malheureusement pour eux, les avancées sont réelles et nul ne peut accepter le discours qui voudrait que rien n’ait changé. Ils ne peuvent contester l’extension du champ des libertés, l’affirmation des droits de la femme, la meilleure gouvernance, les démarches de solidarité active… Alors ils se rabattent sur la rumeur, les ragots, qu’ils élèvent au rang d’événements sismiques. C’est ridicule mais cela pollue l’ambiance. Cette camarilla malfaisante doit être combattue pour ce qu’elle est : une bande d’opportunistes manipulés.
Les faux dénonciateurs du Maroc
HAKIM ARIF
La critique acerbe du Maroc est un business très prisé par les journalistes espagnols et français. Ils y trouvent la bonne matière et souvent ils transgressent les règles simples du journalisme pour exploiter les mines intarissables des «on dit» des «sources qui requièrent l’anonymat», etc. Le Français Jean Pierre Tuquoi est un modèle du genre. Son plaisir le plus intense consiste à faire le bilan des violations des droits de l’homme et de tout ce qui pourrait plaire à ses lecteurs. Journaliste du Monde, il se base pour rédiger ses articles sur des témoignages d’acteurs «directs» sans qu’on puisse savoir lesquels. Ce qui évidemment lui laisse le champ libre pour dire ce qu’il veut. C’est une liberté que le journalisme n’offre pas, mais que des journalistes s’octroient pour se faire une place. Nous sommes dans le domaine des «rumeurs tenaces». Bien entendu tout ce que dit ce journaliste trouve preneur chez certains médias marocains qui veulent vendre leurs journaux et leurs magazines sans toutefois vérifier ce que dit l’auteur. Il les entraîne comme il veut sur un terrain plein de gaffes professionnelles. Pour eux, le fait que ce soit un Français qui offre l’information est déjà une preuve de vérité. Une réminiscence des sentiments des boys des fermiers français qui étaient sous un régime presque esclavagiste à l’époque du protectorat. Certaines publications algériennes y trouvent également matière. Elles ne se privent pas de critiques à force de reprises des passages les plus «croustillants». El Watan par exemple suit à la trace tout ce qui s’écrit sur le Maroc et surtout sur le roi. Lorsque Tuquoi a fait ses «révélations», El Watan a écrit que l’auteur a dévoilé «les aspects les plus cachés de la complicité entre la France et le Maroc, une complicité faite d’argent, de raison d’Etat et de services rendus». C’est que la monarchie marocaine ne laisse pas indifférent. Qu’on en dise du bien ou du mal, l’essentiel c’est qu’on en parle. Les nouveaux communicateurs du Palais savent en tirer profit. Partout à travers le monde, la politique internationale est faite de ce genre de pratiques. Personne ne s’en offusque, sauf les naïfs. Tuquoi intervient même dans les affaires du Sahara, qui reste marocain, jusqu’à ce que sa pertinence apporte la preuve irréfutable du contraire. Pour le lui, le Maroc corrompt les dirigeants du Polisario, les diplomates étrangers et même les dirigeants de l’ONU. On se demande dans ce cas, pourquoi l’ONU n’a pas réglé le problème il y a des décennies. Avec tout l’argent qu’ils ont dû prendre, les diplomates et les Onusiens auraient fait le nécessaire. Mais de telles informations qui n’ont pas de sources, faut-il le rappeler, ont un objectif, celui de perturber le processus entrepris par le Maroc. Tout est bon pour empêcher le conflit de trouver la voie de la résolution. Quant au journaliste qui déclenche ces hostilités, il sait qu’il ne risque rien et que ce qu’il écrit est lu au Maroc. Mais cela sert plutôt qu’il ne nuit au pays.
Comme Tuquoi se charge des affaires entre le Maroc et la France, nous avons d’autres journalistes qui s’occupent des relations du Maroc et de l’Espagne. Ils savent sauter sur les occasions : l’affaire de l’îlot Leila par exemple. Ils savent dénicher les informations croustillantes puisées dans des «sources protégées».
On le concède donc volontiers, le business de la critique est rémunérateur. Il l’est d’autant plus que ceux qui s’y adonnent ne courent aucun risque grâce justement à la liberté d’expression qu’ils renient au pays. Ils ont l’art et la manière de perturber, sauf que le jeu est actuellement usé jusqu’à la corde. En fait, c’est le business de tous les insatisfaits auxquels manque le fair-play nécessaire pour reconnaître leurs erreurs et leur mauvaise foi. On a parlé et reparlé du livre de l’ancien DG du Journal. Un hebdomadaire s’y est laissé prendre avant de s’apercevoir qu’il s’agit de fausses informations sans fondement aucun. Il a dû par la suite se désavouer lui-même sur toute une page pour se dédouaner. Les ragots font vendre plus. Mais nous ne sommes plus dans le domaine de la presse et de la liberté d’expression. Nous sommes dans n’importe quelle taverne où on dit ce qu’on veut, «la langue de l’ivrogne n’a pas d’os» comme on dit si bien.
Tout le travail qui a été réalisé depuis 10 ans se trouve ainsi dénigré. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’on ne trouve rien à dire dans les domaines matériels où les chiffres et les données sur le terrain ne laissent aucune place à l’interprétation. Comment interpréter ces belles réalisations à Saïdia, à Marrakech, à Tanger, à Oujda, à Laâyoune et partout au Maroc ? Il n’y a pas moyen de dire le contraire de quelque chose qui existe. Par contre, on va se rabattre sur des événements invérifiables parce qu’ils sont sujet à la formule magique de «Selon une source qui a préféré garder l’anonymat». Avec cela, on peut faire des tonnes d’articles. Néanmoins , et quoi qu’il en soit, qu’ils parlent en bien ou en mal, mais qu’ils parlent. Dans le domaine politique, la critique, qui frise souvent le dénigrement, est une pratique très courante. Le PJD en use et abuse sachant que ses attaques resteront toujours impunies. Ses attaques ont toujours le même format : rien ne va dans ce pays. Pour lui, il n’y a que des voleurs, des corrompus dans l’administration, dans le gouvernement… Venant de journalistes étrangers, des attaques pareilles sont somme toute compréhensibles. Ce n’est pas le cas quand elles viennent d’un parti qui depuis sa constitution par Abdelkrim El Khatib -un très proche du roi Hassan II- s’est positionné comme le parti de toutes les vertus et de toutes les règles d’éthique. Les élections communales du 12 juin ont montré son vrai visage. Et pendant qu’il invective, le Maroc avance.