AlQaida au Maghreb
De toute évidence, le Maghreb intéresse les stratèges du terrorisme salafiste. Une longue tradition de militantisme islamiste, la proximité géographique de l’Europe, les liens qui restent forts avec les communautés maghrébines des capitales européennes : autant d’atouts indéniables du point de vue d’Al Qaida et notamment du numéro deux de l’organisation, Ayman Al Zawahiri. Selon l’institut d’analyses américain Stratfor, ce dernier aurait chargé fin 2006 le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) implanté en Algérie, de constituer un commandement commun à l’ensemble du Maghreb afin de coordonner les actions de plusieurs groupes ou groupuscules dont le Groupe islamique combattant marocain, le Groupe islamique combattant libyen et le Groupe islamique djihadiste tunisien.
Il semble bien que ce soit le ralliement du GSPC algérien à Al Qaida qui soit à l’origine de cette nouvelle stratégie. Le GSPC est né, en 1998, d’une scission du Groupe islamique armé (GIA) algérien provoqué par « l’émir » Hassan Hattab. Son agenda était alors uniquement algérien. Depuis 2004 il est dirigé par un ancien électronicien, Abdelmalek Droukdal, alias Moussaab Abdel Ouadoud. Il est pratiquement le seul- avec deux groupuscules qui lui sont proches- à avoir refusé de rendre les armes dans le cadre de la politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika. Peut-être parce qu’il s’est retrouvé, de ce fait, isolé, il s’est rallié au réseau Al Qaida avec l’ambition d’étendre son théâtre d’opérations au nom d’un djihad « global ». Il revendique en tous cas depuis 2003 son appartenance à Al Qaida et cette affiliation a été confirmée en septembre 2006 par Ayman Al Zawahari dans un entretien vidéo. Il compterait toujours actuellement entre 700 et 900 combattants, notamment en Kabylie et dans le Sud algérien, aux frontières du Mali et du Niger où il opère avec des réseaux de contrebandiers pour se ravitailler en armes. Il s’est aussi récemment illustré par des attentats en zone urbaine. Dans la nuit du 29 au 30 octobre, des bombes ont explosé près de 2 commissariats de police à Reghaïa et Dergana, dans les faubourgs d’Alger. Puis, le 10 décembre, un attentat, aussitôt revendiqué par le GSPC, visait un autocar transportant des expatriés du secteur pétrolier à Bouchaoui, tout près là encore de la capitale. Le 9 janvier enfin l’organisation salafiste appelait dans un communiqué les Algériens à s’en prendre aux intérêts.
Il est aujourd’hui avéré que le groupuscule – 27 membres, tous Tunisiens- démantelé au début de l’année en Tunisie venait d’Algérie et qu’il était lié au GSPC. L’un au moins des terroristes, Lassaad Sassi, avait sévit en Italie dans les années 1990. C’est lui, après avoir gagné l’Algérie, aurait été chargé de créer une cellule tunisienne. Les volontaires auraient été entraînés dans les maquis algériens du GSPC. Au Maroc une demi douzaine de cellules ont été démantelées en 2006, heureusement avant d’avoir mis à exécution leurs projets – attentats ciblés ou implantation d’un maquis dans le Rif. Certains des volontaires arrêtés auraient été formés en Algérie, d’autres en Irak. Le procès de l’un de ces groupes, Ansar Al Mahdi, a débuté le 26 janvier devant le tribunal antiterroriste de Salé. Le GSPC déborde également, au delà du Maghreb, dans la zone saharo-sahélienne, au Niger, au Mali et en Mauritanie. Il pourrait aussi, selon certains spécialistes, fournir un soutien logistique à des cellules en Europe.