Culture

Problématique du théâtre marocain
To be or not to be

Comme d’habitude, depuis la création du fonds d’aide à l’arrivée de Mohamed Achaâri à la Ministre de la Culture, de l’annonce des troupes sélectionnées pour la subvention annuelle, nous avons droit à la même chose. La conférence de presse annonçant les résultats est toujours suivie de critiques et de remise en question de la Politique théâtrale du ministère responsable.

Ces critiques vont de la remise en cause des textes fondateurs de l’aide, qui ont été modifiés à plusieurs reprises, à l’ensemble de la politique du théâtre, en passant par la critique détaillée des capacités créatrices des troupes elles-mêmes. Premièrement, les critères de sélection sont considérés comme suspects, soit parce qu’il y a favoritisme politique ou favoritisme, soit parce que les membres de la commission sont interrogés. Comment donc garantir l’indépendance et la compétence de cette commission et comment adapter les critères juridiques, administratifs, artistiques et financiers appropriés ?

Ensuite, le fonds d’aide est critiqué en principe pour sa volonté d’attirer des chasseurs de primes des troupes de l’ex-nihilo juste pour avoir droit à la subvention. Pour certains, le fonds n’a qu’une fonction sociale, la création étant reléguée à l’arrière-plan. Pour d’autres, le fonds est susceptible de favoriser les groupes axés sur les jeunes ou les individus inexpérimentés en excluant de facto les groupes véritablement professionnels. De plus, on estime que le fonds ne favorise pas la créativité et n’assure pas la visibilité et la diffusion des spectacles financés. Le fonds se concentre donc de manière excessive sur l’ensemble du problème du théâtre marocain, qui s’engouffre dans une pratique irrégulière, intermittente et manque de créativité et d’innovation.

Au point de se demander pourquoi la pratique Marocaine s’est réellement vidée de sa substance politique engagée de son avant-garde et de sa chaise esthétique innovante.

Il y a ceux qui retombent sur l’effervescence des années soixante et soixante-dix et même des années quatre-vingt, traversées par des générations de praticiens qui, bien que financièrement démunis, ont démontré les preuves d’un engagement politique et théâtral humain sans précédent aujourd’hui. Nous mettons en évidence les qualités des textes et de l’écriture, de la scénographie, du jeu et de la mise en scène.

Ces critiques semblent vouloir remettre en cause la Politique de formation au sein de L’ISADAC (Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle), qui aurait échoué dans sa mission et n’aurait pas généré des praticiens talentueux et talentueux pour prendre la relève de la vieille génération.

Ils semblent également déplorer la situation actuelle où ces praticiens ne sont plus nourris par le débat culturel et artistique qui peut créer les conditions d’émulation et de compétition que leurs aînés avaient connues. Il est d’autant plus surprenant de constater que le Maroc se projette dans une čre d’ouverture politique et de transition démocratique, caractérisée notamment par le débat sur les années de plomb et les droits de l’homme.

Paradoxalement, bien que les années de répression aient favorisé un théâtre créatif et mobilisateur, les années d’ouverture, même relative, nous laissent perplexes face au déclin de l’activité théâtrale et théâtrale. Il semble donc que ce qui est proposé soit les enjeux financiers et juridiques de l’existence du théâtre Marocain.

Le problème est donc déplacé à un autre niveau et consiste d’abord à définir qui fait quoi et pour quelle raison, pour quels droits. Le praticien du théâtre doit donc être identifié et classé comme son statut défini et son existence socialement protégée. Son droit au privilège social et financier l’emporte sur l’appréciation de sa création ou de sa créativité. On s’est peut-être rendu compte que la création ne peut avoir lieu de façon permanente dans une situation juridique et matérielle précaire. D’une certaine manière on pense que la phase de création dans et par les sacrifices, faire sa relation personnelle après le travail artistique est terminée.

Des circonstances exceptionnelles et politiquement justifiables ne sont plus appropriées. La partie la plus importante du débat actuel sur l’art théâtral est le débat sur le droit des artistes, le droit d’auteur, la carte professionnelle, la sécurité sociale et médicale, les subventions financières, la politique du théâtre, l’organisation syndicale. La population des praticiens du théâtre est par ailleurs plus politisée, mais en ce sens qu’elle veut d’abord défendre sa propre existence et jouer sa sécurité, son droit à la dignité et à une vie décente. La lutte politique est menée de plus par les hommes de théâtre pour eux-mêmes que pour la qualité de l’engagement de leurs œuvres.

La période précédente a été suffisamment nourrie par le débat sur l’engagement dans les travaux comme pour les praticiens eux-mêmes. Le jour viendra où nous débattrons vraiment du texte, des idées, de l’écriture dramatique et scénique où nous aborderons le statut de l’œuvre et non pas exclusivement des personnes travaillant dans le théâtre.