Energie solaire Une richesse nationale inépuisable
Mohamed El Kettani, PDG de Attijariwafa bank a présidé, mardi 16 mars à Casablanca, une conférence débat sur l’énergie solaire. Animée par le Directeur Général de l’ONE et l’ONEP, Ali Fassi-Fihri, le président du directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN), Mustapha Bakkoury, le directeur général de l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (nouveau nom du Centre national de développement des énergies renouvelables – CDER), Said Mouline et le conseiller auprès du gouvernement français et de la cellule UPM de l’Elysée pour le projet de Transgreen du Plan Solaire Méditerranéen, Christian Stoffaës, ainsi que des experts financiers de haut niveau, cette rencontre a permis de mettre la lumière sur les grandes opportunités qu’offre l’énergie solaire. Et pour cause!
«1% de la surface des déserts suffirait pour produire l’électricité nécessaire à l’ensemble de l’humanité». C’est le physicien allemand Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation) qui le dit. Propre, sans effet sur la couche d’ozone, l’énergie solaire séduit de plus en plus. Selon ce physicien allemand, cette énergie frappe chaque année 1 km2 de désert, soit en moyenne 80 millions de térawatts heure (TWh) par an. L’intérêt pour cette énergie propre se justifie aussi suite à l’instabilité structurelle du prix du pétrole, mais aussi aux craintes exprimées concernant le tarissement de ses puits. S’y ajoutent les problèmes environnementaux causés par les énergies d’origine fossile. Ce n’est pas pour rien que bien des pays sont enclins à s’orienter vers les énergies propres. Seulement, entre vouloir et pouvoir, il y a un pas que les décideurs ne franchissent pas aisément. Ce n’est pas le cas du Maroc. Ce dernier a dévoilé le 2 novembre 2009 un vaste projet de production d’énergie solaire d’une capacité de 2.000 mégawatts pour un investissement global de l’ordre de 9 milliards de dollars. Mieux, d’ici dix ans, le Royaume prévoit de faire passer la part de la puissance électrique installée en énergie renouvelable (éolien, solaire, hydraulique) à 42% du parc. Pour les autorités, ce projet est faisable, économiquement viable et socialement créateur d’emploi. Si les autorités croient fortement à ce projet c’est parce qu’au niveau national les ressources solaires sont considérables avec une irradiation extrêmement favorable (supérieur à 2300 kWh/m2/an). Cette irradiation dans le pays est 30% supérieure aux meilleurs sites européens, ce qui représente un levier extrêmement intéressant pour les investisseurs, l’investissement étant identique qu’ailleurs. Autre motivation majeure en faveur de cet immense projet : les besoins futurs de l’Europe en matière d’énergie solaire. Youssef Rouissi, directeur de la banque de financement de projets énergétiques et solaires confirme à ce propos que l’UE s’est fixé comme objectif, à l’horizon 2020, que 20% de sa consommation brute d’énergie devront provenir des énergies renouvelables. Il est clair que les opportunités créées par les partenaires européens du Maroc sont énormes. Aussi le Plan solaire marocain constitue-t-il une réelle opportunité de diversification des sources d’approvisionnement en énergies renouvelables pour répondre aux besoins nationaux, mais aussi pour approvisionner des pays de l’UE. Ceci passe par une interconnexion plus poussée. Laquelle semble intéresser toutes les parties.
Défis financiers à relever
La question du modèle économique gagnant pour l’énergie solaire a été au cœur du débat. Parce que dans ce domaine, il y a beaucoup à faire. 5 sites sont à réaliser d’ici 2020 à Ouarzazate (500 mégawatts), à Lâayoune, Boujdour (Sahara), à Tarfaya (au sud d’Agadir) et à Ain Beni Mathar (à l’est de Fès, centre). Le projet s’étendra sur une superficie de 10.000 hectares pour produire environ 2000 mégawatts d’énergie solaire. Il s’agit de la mise en valeur d’une énergie renouvelable et inépuisable. Dans cette perspective, le Maroc a certains défis à relever. En effet, les centrales thermiques (solaire et à charbon) requièrent un coût d’investissement élevé, estimé à plus de 9 milliards de dollars, alors que la capacité d’intervention globale jusqu’à présent tourne autour de 1 milliard d’euros.
Selon Y. Rouissi, si les investissements en matière d’énergies propres dans le monde ont augmenté de 65% entre 2004 et 2007, cela confirme l’intérêt concret que peuvent offrir les projets solaires pour les investisseurs. Cet intérêt ne peut que susciter l’engouement des investisseurs aussi bien nationaux qu’internationaux. Selon le même responsable, au Maroc, la liquidité pourrait être disponible de façon importante et de plusieurs manières : fonds d’investissements locaux et internationaux dédiés, fonds généralistes ou provenant de compagnies d’assurance, de caisses de retraite (adossement des réserves techniques)… Il ajoute que les projets solaires représentent des opportunités très attractives : contrats à long terme (15-20 ans), cash-flows stables, rendement intéressant (15%)… Y. Rouissi a aussi rappelé que pour contrer les risques éventuels liés à pareils investissements, plusieurs initiatives ont été envisagées telles que les «lettres de crédit stand by», qui couvrent les risques de dépassement de coûts et les apports de fonds propres. Dans le même cadre, des délégations d’indemnités de résiliation aux prêteurs et des programmes d’assurance en investissement sont également prévues. De quoi intéresser encore plus les investisseurs.