L’automobile entre crise et espoir

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Fatima-Zohra Jdily

Tous les deux ans, les professionnels et les passionnés de l’automobile se retrouvent au salon Auto Expo. Cette 7e édition qui se déroule du 14 au 23 mai 2010, se veut une «galerie d’art». Pour les organisateurs, cet événement est la traduction dans les faits de la volonté de promouvoir le secteur, mais c’est également une bonne occasion pour dévoiler au grand public toutes les nouveautés automobiles mais aussi tout ce qui se fait en matière de crédit et d’assurance auto. Ainsi, le client dispose d’un choix très large pour choisir la voiture qui répond le mieux à ses attentes et qui convient surtout à ses moyens financiers. Le salon de cette année coïncide avec une conjoncture difficile, avec des ventes en baisse de 10%. Pour les professionnels du secteur présents lors de la conférence de presse tenue pour le lancement de la 7e édition d’«Auto expo», la crise économique internationale a touché sévèrement le secteur automobile : importateurs automobiles (voitures particulières, camions, motos, véhicules utilitaires légers), sociétés de financement, compagnies d’assurance, équipementiers, accessoiristes automobiles ainsi que d’autres intervenants dans le monde automobile. Pour eux, le salon permet de relancer le marché. Selon Larbi Belarbi, président de l’Association marocaine de l’industrie et du commerce automobile (AICA), des rencontres de partenariat sont prévues afin de présenter les nouvelles tendances technologiques et identifier les opportunités d’affaires.

«Le haut de gamme, n’a pas été touché par cette conjoncture. Il se porte plutôt bien avec une progression en deux chiffres».

Rachid Fedouach, directeur du groupe SMEIA .
Entretien réalisé par F-Z. Jdily

L’Observateur du Maroc. Quel est l’objectif du salon Auto Expo ?

R.Fedouach. Le salon Auto Expo est une opportunité unique pour faire découvrir au public et au consommateur marocain les dernières nouveautés des marques automobiles, mais aussi pour faire bénéficier les clients marocains des meilleures offres. Cette année, pour ce qui concerne le Groupe SMEIA, on est présent à travers six stands représentant nos marques BMW, MINI, BMW moto, LAND ROVER, et MAZDA véhicules particuliers et un stand pour les véhicules utilitaires légers comme les pick-up.

Le salon coïncide avec une conjoncture un peu difficile, surtout pour le secteur automobile. Dans quelle mesure ce salon peut être un facteur de promotion du secteur ?

Je rappelle que le salon de l’automobile Auto Expo est programmé tous les deux ans. Effectivement, quand on étudie les statistiques de ventes, il y a un pic durant les mois de mai, juin et juillet. Le salon y est pour quelque chose. Donc c’est un salon d’exposition, d’exhibition et de vente. Quant à la conjoncture, elle est mondiale. Au Maroc, elle est un moindre mal. On avait terminé avec un peu moins de 10% l’année dernière et cette année, la tendance est toujours négative et dans les mêmes proportions. J’espère que le salon va aider un peu toutes les marques présentes sur le marché marocain et redresser un petit peu la situation.

La conjoncture est-elle la même pour l’ensemble des segments automobiles ? 

Le segment dans lequel opère le Groupe SMEIA, le haut de gamme, n’a pas été touché par cette conjoncture. Il se porte plutôt bien avec une progression à deux chiffres. Espérons que cela va continuer durant le salon et par la suite jusqu’à la fin de l’année.

200.000 visiteurs attendus à Auto Expo

La 7e édition du salon Auto Expo se déroule du 14 au 23 mai courant au Parc des expositions de la Foire internationale de Casablanca. L’Association des importateurs de véhicules automobiles montés (AIVAM), organisatrice de cette manifestation bi-annuelle, prévoit plus de 240.000 visiteurs, des passionnés de l’automobile pour la plupart, mais aussi des acheteurs potentiels et des curieux. Pour rappel, le parc automobile marocain a connu une croissance soutenue entre 2003 et 2009. Les ventes de véhicules neufs ont enregistré une croissance à deux chiffres durant cette période, avec un taux de progression annuel moyen de 14%. De 50.000 ventes de véhicules neufs en 2003, le marché a dépassé la barre de 100.000 et évolue désormais aux alentours de 110.000 nouvelles immatriculations, tous véhicules confondus. On dénombre aujourd’hui plus d’une vingtaine de distributeurs représentant quelque 60 marques mondiales pour les CBU. Malgré le recul de 9% des ventes de voitures en 2009, les professionnels gardent le moral. L’AIVAM dit avoir confiance en l’avenir du secteur, qui recèle un important potentiel de croissance, étant entendu que le taux de motorisation au Maroc demeure faible, en comparaison même avec les pays du Maghreb. Au niveau national, le taux d’équipement de la population se situe autour de 70 véhicules pour 1.000 habitants, alors qu’en Algérie et Tunisie il oscille entre 110 et 120 véhicules pour 1.000 habitants.

Un baromètre pour une meilleure visibilité

F-Z. Jdily

Les derniers chiffres dévoilés par l’Association professionnelle des sociétés de financement attestent que le crédit automobile est le segment qui a le plus reculé en 2009. La baisse d’activité est flagrante depuis l’année précédente. Elle a dépassé les 10%. Les sociétés de crédit à la consommation notent également un accroissement des impayés depuis le début de l’année. Pire, même l’année 2010 semble loin d’être une année de reprise. A ce propos, Abderrahim Rhiati, administrateur directeur général d’Eqdom, considère les ventes de voitures neuves comme le baromètre adéquat du crédit automobile. Selon lui, les ventes de véhicules neufs particuliers ont du mal à reprendre. Les chiffres dévoilés dernièrement par l’AIVAM confirment ses dires. Sur les quatre premiers mois de l’année, le marché accuse un repli de plus de 10% tous secteurs confondus (importé monté et monté localement). Ce ne sont donc que 7.050 voitures qui ont été écoulées en avril 2010, soit près de 500 unités de moins par rapport au mois de mars. A fin avril, le nombre de véhicules commercialisés n’a pas dépassé 28.101 unités contre plus de 31.318 à la même période de 2009. Cette tendance baissière a amplement impacté le secteur des crédits qui à leur tour enregistrent une baisse flagrante. Il s’agit de deux marchés étroitement liés, précise A. Rhiati. Mais cette situation difficile pourrait-elle être expliquée par la seule conjoncture difficile ? A ce niveau, les opérateurs se plaignent d’une mesure étatique qui a fait beaucoup de mécontents. La mesure fiscale relative aux voitures d’occasion est pour quelque chose. Si le marché du neuf a reculé, celui des voitures d’occasion, par contre, a quasiment doublé en 2009 où il a atteint 50.237 unités contre 26.623 en 2008. Autrement dit, les importations des voitures d’occasion se rapprochent de celles du neuf. Et les professionnels de l’automobile ne tardent pas à réagir et à pointer du doigt ladite disposition. Parce qu’au moment où les importations des voitures d’occasion ont été en hausse considérable, les ventes du neuf importé, elles, ont connu, au cours de la même période, une baisse de plus de 14%. Quels leviers faire jouer pour promouvoir deux marchés étroitement liés, à savoir le marché de l’automobile et celui de crédit auto. De ce fait, Eqdom a dévoilé les résultats de son baromètre du marché de l’automobile marocain. Réalisé en collaboration avec le cabinet Ipsos, ce baromètre propose aux différents acteurs du secteur automobile national une étude sur le comportement des Marocains vis-à-vis de l’automobile. Ce baromètre a pour objectif de déterminer avec précision les besoins du consommateur marocain afin d’y répondre.

«Le financement est lié au marché des véhicules. Le financement a cdonc onnu un recul puisque le marché de l’automobile a reculé».

Abderrahim Rhiati, administrateur général d’Eqdom.
Entretien réalisé par F-Z. J.

L’Observateur du Maroc. Quel est l’objectif du baromètre relatif au secteur automobile ?

Abderrahim Rhiati. Le marché automobile au Maroc a connu durant plusieurs années une croissance extraordinaire. Malheureusement, depuis l’année dernière, la tendance a été inversée et les ventes ont commencé à baisser avec une montée des risques. Donc, le besoin se fait sentir de connaître un peu mieux ce marché, ses tendances, comment le client marocain perçoit le marché automobile et certainement d’autres questions qui se posent aujourd’hui aux professionnels de l’automobile comme aux professionnels du crédit à la consommation. C’est pour cela qu’Eqdom a imaginé le lancement de ce baromètre pour connaître un petit peu les tendances du marché et pour se préparer à son évolution future.

Les crédits automobiles ont chuté de la même façon que les ventes automobiles. Comment expliquer cette étroite liaison ? 

Vous l’avez bien dit. Effectivement, le financement est lié au marché et à la vente des véhicules. Donc, le financement s’est très bien comporté durant les cinq dernières années. Je veux dire, avant 2009. Mais à partir de 2009, il a connu un recul puisque le marché de l’automobile a reculé. Non seulement, il a reculé en volume, mais également nous avons constaté qu’il y a un transfert des achats de la grande voiture vers la micro citadine ou la citadine tout court. Donc, en termes de montant, le volume a également baissé.

Est-ce que vous pouvez nous chiffrer cette réalité ? C’est-à-dire, de combien ont reculé les crédits auto ?

En ce qui nous concerne, on a fait le même chiffre qu’entre 2009 et 2008. Cela est dû aussi au dynamisme commercial qui est propre à chacune des sociétés, mais globalement, si on prend l’ensemble du secteur, il a pratiquement suivi la même tendance que le marché automobile. Grosso modo, il s’agit d’un recul de 10% par rapport à 2008.

C’est le même recul que le marché automobile a connu !

Exactement. Il a suivi la même tendance.

Pour revenir au baromètre qui vient d’être dévoilé, dans quelle mesure il permettra ou donnera un nouveau souffle aussi bien au secteur automobile qu’à celui du crédit ?

Il va permettre d’avoir une visibilité sur ce marché et donc permettre à la fois aux distributeurs automobiles et aux sociétés de financement de s’adapter en fait aux attentes du client. Quand la croissance était là et quand le marché se développait bien, on ne se posait pas ces questions-là. Mais à partir du moment où il y a une rareté de clients ou une baisse du chiffre, on commence à se poser des questions pour mieux s’adapter à ce marché-là. Que veut réellement le client ? Quel genre de voiture ? Pourquoi il va changer sa voiture ? Quand est-ce qu’il va changer sa voiture ? Voilà le genre de questions que se posent maintenant les professionnels de l’automobile et auxquelles ce baromètre va répondre. En même temps, on se pose la question de savoir si le client a besoin de financement ? Est-ce qu’il a besoin de nouveaux types de crédits qui vont lui permettre d’acheter mieux et de façon intelligente ?

Le crédit, un vecteur de croissance

Dalal Saddiqui

Au Maroc, et notamment dans les grandes villes, le besoin d’acheter un véhicule est grandissant, d’autant que le prix des véhicules est de plus en plus à la portée d’un grand nombre de consommateurs. Il n’en demeure pas moins que l’achat d’une automobile représente un lourd investissement, d’autant plus que la majorité des futurs acquéreurs désire acheter une voiture neuve. Or très rares sont les personnes ayant la capacité de réunir une telle somme pour un règlement au comptant. Aussi, les plus chanceux des futurs automobilistes réunissent une avance, ce qui leur permet l’accès au financement auprès des concessionnaires ou d’alléger leur crédit bancaire.

Et pour les futurs acquéreurs qui n’auraient pas de bas de laine sous leur matelas, l’espoir n’est pas perdu: les banques assureront 100% de leur besoin en crédit bancaire sous forme de crédit à la consommation, ce qui permettra à l’acquéreur de choisir entre voiture neuve et voiture d’occasion. En effet, les établissements bancaires, conscients des potentialités de croissance offertes par le crédit automobile, ont progressivement investi le marché et offrent l’avantage de crédits à zéro avance et à délai très court. Mais le réel avantage dont profitent les établissements de crédit c’est leur connaissance de leur clientèle. Contrairement aux concessionnaires, les banques ont leur propre clientèle qui représente un fort potentiel pour le crédit automobile. Elles peuvent alors proposer ce service à certaines catégories de clients, en prévision de leurs besoins. Elles peuvent également fixer différents taux selon les capacités de remboursement ou le risque de non paiement… Certains concessionnaires ont d’ailleurs fait le choix de signer des partenariats avec les établissements de crédit pour, entre autres, profiter de leur savoir-faire en ce sens.

Au Maroc, l’impulsion du secteur automobile est donnée par le financement auquel elle est fortement corrélée. Que ce soit au niveau des établissements de crédit ou des concessionnaires, différentes offres de financement sont mises sur le marché. Reste alors au futur automobiliste à comparer le prix d’acquisition de son véhicule selon le concessionnaire, l’organisme de crédit, l’avance exigée, la durée de remboursement et la formule choisie. Et pour bien ficeler le dossier, des conseillers clientèle spécialisés et des simulateurs en ligne permettent aux clients de comparer les offres sans même avoir à se déplacer.

Des chiffres en berne

F-Z. Jdily

Au total, 109.969 véhicules neufs (particuliers et utilitaires, importés ou montés localement) ont été vendus en 2009, contre 121.540 en 2008. Les voitures particulières ou de tourisme ont affiché un net recul. Les ventes concernant ce segment totalisent 93.761 unités, soit un recul de 8,17% par rapport à 2008. Le reste, constitué de véhicules utilitaires légers (VUL) estimés à 16.208 unités, a enregistré une baisse annuelle encore plus substantielle, soit -16,6%. Bien que certains aient parlé de reprise en 2010, les ventes de véhicules neufs ne cessent de s’effilocher depuis début 2010. En témoignent les dernières statistiques des ventes établies pour les premiers mois de 2010. Le repli se chiffre à près de 10% pour seulement 13.524 ventes, toutes origines confondues. Par marque et selon les statistiques rendues publiques par l’AIVAM (Association des importateurs de véhicules automobiles au Maroc), c’est Renault qui arrive en tête des ventes. La marque au losange a enregistré pas moins de 483 nouvelles immatriculations le mois dernier. Profitant de l’avènement de sa nouvelle gamme (Mégane et Fluence, notamment), le constructeur français a réalisé une part de marché de 11%. Par ailleurs, Hyundai réalise, en cumul sur les deux premiers mois de l’année, 907 ventes. Toutefois, sur le seul mois de février, la marque sud-coréenne n’a écoulé que 354 voitures, en dépit de l’effort promotionnel consenti sur toute la gamme 4×4. Il est bien clair que le secteur est loin de la reprise et les temps sont durs pour les concessionnaires automobiles. La crise mondiale est-elle, seule, à l’origine des dysfonctionnements et des difficultés que vit actuellement le secteur ? Tous les opérateurs du secteur sont unanimes pour dire que l’offre automobile est foisonnante, diversifiée. Mais il ne faut pas oublier la baisse des revenus des ménages consécutive à une hausse du budget alloué à l’achat des biens immobiliers.

Quels leviers faire jouer pour relancer les ventes de voitures neuves en 2010 ? Prime à la casse, baisse des droits de douane, mesures fiscales avantageuses…? Les idées ne manquent pas auprès des distributeurs-importateurs. En attendant, les opérateurs opteraient-ils pour une baisse des prix comme stratégie de promotion ? En tout cas, l’AIVAM confirme qu’on ne peut s’attendre à une baisse importante des prix des véhicules importés. La politique tarifaire demeure moins compétitive à cause d’un taux de change (du yen) défavorable et de droits de douane jugés inéquitables par rapport à ceux appliqués aux marques européennes. Mais les opérateurs demeurent confiants en l’avenir et croient dur comme fer à la reprise. Tous les opérateurs s’inscrivent dans une vision à long terme. Pour eux, le marché marocain reste porteur. Et pour cause ! Le taux de motorisation dans le Royaume (moins de 70 véhicules/1.000 hab) demeure l’un des plus bas au monde.

«Au niveau du grand public, on a constaté une espèce de crainte du lendemain».

Adil Bennani, Directeur général de Toyota Maroc.
Entretien réalisé par F-Z. J.

L’Observateur du Maroc. Le recul dans le secteur automobile est de 10%. A quoi est-il dû ? 

Adil Bennani. Il faudrait analyser ce recul sous différentes angles. D’abord, on est dans un marché qui se compose aux deux tiers de véhicules importés montés et d’un tiers de véhicules montés localement. Il s’agit donc d’un marché essentiellement concentré sur les véhicules importés montés. Cependant, c’est le véhicule monté localement qui a enregistré une croissance. Dans l’importé monté, la décroissance est générale tant sur les véhicules de tourisme que sur les véhicules utilitaires. La crise internationale s’est fait ressentir au niveau de l’entreprise par une baise des investissements, et c’est ce qui a affecté le secteur de l’utilitaire. Mais il faut aussi noter qu’au niveau du grand public, on a constaté une espèce de crainte du lendemain. Le particulier a reporté sa diffusion d’achat ou préféré épargner en utilisant son véhicule une année de plus, plutôt que de procéder au renouvellement.

C’est le montage local qui sauve la face. Et pourtant c’est l’industrie automobile qui a surtout été frappée par la crise. Comment expliquez-vous cela ? 

Dans le secteur automobile, le Maroc dispose d’un circuit de fournisseurs, de fabricants automobiles dans le bassin méditerranéen. Lorsque la crise a démarré en Europe, et que le secteur automobile a été affecté, les premiers touchés ce sont les fournisseurs et les fabricants. Ces fournisseurs, dont une partie se trouve au Maroc, ont tout de suite commencé à souffrir. Voici la partie du secteur industriel qui a souffert de la crise automobile. Maintenant, le véhicule monté localement au Maroc est essentiellement constitué de la marque Dacia avec la Logan et Sandero, et puis les utilitaires légers que sont Kangoo, Berlingo et Partner. Si Dacia s’est globalement très bien comportée, cela s’explique par une compétitivité prix qui est extraordinaire comme nous avons eu un facteur nouveauté avec le lancement de la Sandero qui a stimulé la demande. Ceci explique aussi la baisse de l’importé monté parce qu’autant la Logan s’adresse à une clientèle relativement différente de celle du marché de l’importé monté, autant la Sandero représente une alternative sérieuse à des modèles qui se trouvent dans le segment de l’importé monté. Donc, le pouvoir d’achat, l’accessibilité à l’automobile et la compétitivité du montage local ont permis à celui-ci de s’en sortir mieux que l’importé monté.

La vente des véhicules utilitaires a reculé, et pourtant on a assisté à une bonne campagne agricole…

L’utilitaire est essentiellement concentré sur l’importé monté. Il s’agit essentiellement de deux types de véhicules. Vous avez le pick-up et vous avez les vans mini bus. Les vans mini bus ont été affectés par la crise du secteur du tourisme, qui est un grand consommateur du mini bus. Pour ce qui est des pick-up, ils s’adressent à deux populations : les entreprises d’un côté et le monde agricole de l’autre. Le monde agricole s’est bien comporté parce que le Maroc a eu une campagne agricole absolument exceptionnelle. En revanche, compte tenu de la crise, les chefs d’entreprise sont plus frileux et investissent moins. Un des principaux facteurs d’investissement au sein d’une entreprise réside dans les moyens de transport de marchandises ou de personnes qui se sont vu renvoyers à des temps plus propices, et c’est ce qui explique la baisse du segment de l’utilitaire au Maroc.

Revenons toujours au recul des ventes. Est-ce qu’il s’explique par la simple conjoncture difficile ? Qu’en est-il du marché de l’occasion ? 

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en 2009, le train d’importation de véhicules d’occasion d’Europe a augmenté de 100%, c’est-à-dire qu’on a quasiment observé un doublement du marché de l’occasion. Pourquoi ? Parce que tout simplement, en Europe, on s’est retrouvé avec un marché de l’occasion en crise, ce qui a tiré fortement les prix vers le bas et rendu ces véhicules encore plus accessibles au Maroc. On a même vu en Europe des marques immatriculer des véhicules neuf,s juste pour les vendre d’occasion avec une décote allant de 20 à 30%. Ces pratiques ont rendu ce créneau extrêmement attractif. Des gens au Maroc ont trouvé le filon et cela a l’air d’avoir bien fonctionné en 2009.

Après la crise, la reprise ?

F-Z. Jdily

Affecté par la crise financière et économique internationale, le secteur automobile marocain connaît un ralentissement de son activité. Et ce n’est pas Laarbi Belarbi, président de l’AMICA et de la Somaca, qui dira le contraire. Selon lui, le secteur de l’industrie automobile marocain est dans la tourmente. Essentiellement constitué de sous-traitants, il souffre de la baisse des commandes des donneurs d’ordre. Si 2008 s’est soldée par des résultats satisfaisants, l’année 2009 a confirmé la situation difficile de ce secteur stratégique de l’économie nationale. Les constructeurs automobiles, y compris les plus grands qui constituent aussi les donneurs d’ordre principaux, sont frappés de plein fouet par la crise. La preuve : les premiers constructeurs mondiaux du secteur ont tablé, pour la première fois depuis plusieurs années, sur des pertes financières. Les ventes sont en baisse sur les principaux marchés. Les productions aussi. Des plans drastiques de réduction de coûts sont annoncés à travers le monde, avec des suppressions d’emplois à la pelle. Pour L. Belarbi, il s’agit de la plus grave crise que le secteur ait connue depuis la deuxième guerre mondiale. Pourquoi donc le Maroc est-il affecté ? D’après le président de l’AMICA, le Royaume, qui a placé l’industrie automobile parmi les secteurs stratégiques de son économie, n’est pas épargné. Mais ce qu’il faut préciser c’est que le marché local s’est bien comporté. Sur l’ensemble de 2008, il a affiché une progression de près de 17%, avec quelque 121.511 nouvelles immatriculations enregistrées, d’après les derniers chiffres que rapporte l’AMICA. Plus, dans le cadre de la vente des voitures particulières, c’est le montage local qui a minimisé les dégâts. A part les voitures produites à la Somaca, les ventes de voitures importées ont à peine dépassé le cap des 60.700 unités, soit un recul de 13,8% par rapport aux livraisons de 2008 (70.450). En revanche, les ventes des voitures produites localement ont enregistré une hausse de 4,38% à plus de 33.000 unités ! Mais cela n’empêche pas de dire que l’année 2009 est moins brillante que 2008. La production, notamment celle destinée à l’exportation, n’a pas échappé au ralentissement mondial. Conséquence : la baisse des activités chez les équipementiers exportateurs a atteint, en 2009, 30 à 40% suivant les entreprises.

Cette situation de crise a touché d’autres maillons de l’industrie automobile, notamment le câblage. Face à cette situation de crise et pour éviter un scénario de suppression massive d’emplois, les acteurs de l’industrie automobile marocaine ont négocié le soutien de leur ministère de tutelle. Selon Ouzif Mohamed, directeur général permanent de l’AMICA, les entreprises ont sollicité une aide pour faire face à leurs besoins de trésorerie et sauver des emplois. Cette aide s’est traduite par une réduction de la charge patronale, la réduction du délai de paiement pour les sous-traitants… et pourtant les syndicats regrettent que la situation dans le secteur du câblage soit plutôt inquiétante. Plus de 50% des effectifs en ont pâti et près de 70% d’arrêts de travail sont enregistrés en 2009. Il est clair que le secteur a souffert de la crise suite à l’effet domino provoqué par le marché international. Cela n’empêche pas les opérateurs marocains de parler de reprise.

Pour quand la reprise ?

Si M. Ouzif a indiqué que le secteur n’a pas de visibilité pour «l’après crise», en revanche L. Belarbi déclare que l’industrie automobile dispose d’une vision à long terme et ce n’est pas une simple conjoncture difficile qui va handicaper cette vision. D’après lui, le Maroc est l’un des rares pays africains à avoir mis en place une politique industrielle automobile dès 1959, soit dès le lendemain de son indépendance, avec la création de la SOMACA (Société marocaine de construction automobile). Plus, le secteur automobile a fait l’objet d’une stratégie finement ficelée dans le cadre du programme Emergence pour positionner le Maroc en tant que plate-forme propice au développement de l’industrie automobile (Tanger free zone) et parmi les LCC (Low cost countries) ou pays à faibles coûts. Pour le président de l’AMICA, les professionnels tablent sur un regain d’activité à l’horizon 2010/2011 (projet Renault Nissan de Tanger) ou encore l’installation de Feurecia, filiale de Renault PSA qui a décidé d’investir 115 millions de dirhams et d’employer plus de 2000 personnes dans une usine à Kenitra pour la production de sièges automobiles. Il ajoute qu’en dépit de la conjoncture difficile, le potentiel de croissance lié à ce marché est énorme et le Maroc devrait saisir l’opportunité en se positionnant en tant que plate-forme de production et de logistique dans cette nouvelle configuration de croissance. «On ne s’arrête pas à mi-chemin», déclare-t-il. Le parc automobile mondial va atteindre plus de 1 milliard d’unités, probablement avant fin 2011. Voilà un potentiel non négligeable de développement du marché des pièces de rechange et de la réparation. Cependant, l’industrie automobile est un secteur difficile car très concurrentiel, surtout avec la Chine et l’Inde où les voitures sont montées en gamme, et où l’accent est mis sur la qualité et la fiabilité. «Aujourd’hui, on est un petit joueur, mais on peut devenir grand. Réussir dans ce domaine ne dépend que de nous car la demande est bien là», assure L. Belarbi, président de la Somaca. Comment le Maroc pourra-t-il alors faire face à ces géants ? «En développant les partenariats avec les constructeurs et les équipementiers», répond Michel-Alexandre Morlat, consultant de l’un des salons internationaux de renom, le «Tec’Auto». L’espoir n’est donc pas perdu…

Innovation, séduction et stratégies

Noura Mounib

Toutes les voitures se ressemblent» dirait un consommateur lambda perdu entre les myriades de véhicules proposés sur le marché automobile. Plus exigeante que jamais, la clientèle met tous les acteurs du marché dans un mouchoir de poche. Les constructeurs font désormais les mains et les pieds pour se différencier des confrères et attirer le plus de clientèles sans pour autant perdre de leur crédibilité. Conscients de l’évolution de la demande automobile, différentes marques travaillent sur l’innovation en matière de marketing et de publicité afin de répondre à la concurrence mondiale. Un défi difficile à relever lorsque les mêmes politiques et stratégies de ventes sont adaptées chez tous les concessionnaires.

Course contre la montre 

Design parfait, performances à faire craquer le plus corsé des clients et motorisations des plus pointues, les consommateurs penchent souvent vers l’inaccessible en matière d’automobile. Les nouveaux véhicules doivent concilier entre image, confort, prouesses, économie et bonnes motorisations sans oublier plaisir de conduite et sensations parfaites. Les stratégies marketing tendent vers une approche générale afin d’assouvir les besoins d’une bonne partie de la clientèle, même si la tentative reste utopique. Cet élément explique les hauts et les bas des ventes chez les constructeurs. C’est qu’un modèle de véhicule précis ne fera pas succomber tous les consommateurs malgré une innovation marketing infaillible. La stratégie n’y est pour rien lorsque ce modèle ne fait pas l’unanimité. «Les constructeurs tentent d’estomper la valeur du prix grâce à différents services qui rentrent dans la stratégie marketing. Ils veulent instaurer une nouvelle politique pour que le prix ne soit plus le premier critère d’achat» explique un commercial automobile. Pourtant, un micro-trottoir nous a permis de tâter les attentes d’une petite partie de la clientèle et les critères d’achat d’un véhicule. Tous les interrogés sont unanimes sur le prix. Viennent ensuite les performances, le confort, la consommation, la motorisation mais surtout le design. Mais selon les résultats de l’étude barométrique réalisée par Eqdom en partenariat avec Ipsos sur le secteur automobile au Maroc, six critères sont pris en considération pour l’achat d’une voiture. Solidité/fiabilité viennent en premier lieu. Suivent la performance, meilleur rapport qualité/prix, esthétique, prestige/image alors que le confort ne vient qu’en dernier lieu. Cette étude, qui a porté sur une population cible de 1000 personnes, sera exploitée en partenariat avec les concessionnaires automobiles afin d’offrir un réel accompagnement aux besoins d’une clientèle de plus en plus exigeante. Les résultats relèvent notamment la fourchette de prix souhaitée par la clientèle qui varie entre 90.000 et 150.000 DH. C’est ainsi que les constructeurs s’acharnent sur de nouvelles stratégies et font les yeux doux aux consommateurs grâce à différentes innovations en matière de marketing. Entre attractivité, couleurs et animation, les campagnes publicitaires mettent le paquet et titillent la fibre fine des moins intéressés. Les panneaux de promotion meublent les ruelles, les chaînes de télévisions passent presque en boucle les slogans des dernières publicités en vogue et de petites affiches de lancement sont distribuées à-tout-va. Dernière innovation en date, des petites voiturettes vêtues de la couleur et du slogan du nouveau véhicule sillonnent les plus grandes artères des villes. Derrière ce carnaval ambulant, la stratégie de communication menée par les différents constructeurs marque le coup et adopte la politique qui sert le mieux les intérêts du nouveau lancement. «En effet, on choisit bien des coins propices pour mener nos campagnes publicitaires», confiait Rachid Fedouach, directeur général de la SMEIA, lors de la conférence de lancement de la nouvelle BMW Série 5. Les panneaux de promotion ne seront certainement nichés que dans quelques endroits précis où la clientèle peut se permettre un véhicule au prix d’une BMW.

Stratégies vendeuses 

Fidéliser les clients reste l’objectif de tout constructeur qui ne lésine pas sur les moyens pour en attirer de nouveaux. Sauf qu’avec la panoplie de services offerts, le consommateur file à l’anglaise et les innovations proposées ne donnent pas toujours l’effet escompté. En Europe ou ailleurs, on parlerait de la contrainte environnementale et des impératifs écologiques comme critère devenu davantage majeur pour l’image de marque du constructeur. Le Maroc n’en est pas encore à ce niveau. Les concessionnaires s’accordent le service de commerciaux automobiles bons parleurs qui réussissent tant bien que mal à attirer le client perdu entre la berline, la compacte et le monospace exposés dans le showroom. Une fois l’achat finalisé, le concessionnaire n’est-il plus concerné ? Si ! A titre d’exemple, le service après-vente représente un atout majeur en matière de marketing. La marque joint l’utile à l’agréable en fidélisant le client tout en lui offrant plusieurs services plus captifs (contrats d’entretien, garantie…) afin de le mettre en confiance et, pourquoi pas, le pousser à renouveler son achat dans la marque. Par ailleurs, le design reste un avantage incontestable pour attirer plus de consommateurs. En effet, les marques jouent sur l’actualité et évoluent sur un timing précis pour lancer des modèles, offrir des liftings, proposer de nouvelles versions, refaire la fête sous le capot ou encore égayer le véhicule de nouvelles couleurs. Les innovations ne s’arrêtent pas à ce niveau. Les marques établissent même des partenariats avec des organismes bancaires pour faciliter l’octroi du crédit et ainsi encourager le consommateur à s’engager. En fin de compte, les stratégies sont nombreuses mais l’objectif reste le même. Pourvu que le client soit satisfait…

Un marché fortement concurrentiel

Dalal Saddiqui 

Le marché marocain de l’assurance est un secteur en pleine croissance. Deuxième en Afrique, il est porté par le crédit habitation et le crédit à la consommation. Ce dernier est incontestablement dominé par le crédit automobile. Un marché extrêmement concentré, où les principaux acteurs sont au coude à coude.

Aussi, il résulte de la concentration et de la forte pression concurrentielle de l’assurance automobile au Maroc une multiplication des offres, qui se veulent non seulement plus compétitives, mais surtout de plus en plus innovantes.

Alors qu’auparavant les formules consistaient à faire grimper les prix au rythme des options, aujourd’hui il s’agit d’adapter les offres aux besoins des clients, notamment à travers l’innovation produit, en concevant des produits nouveaux, permettant à l’assureur de se démarquer de ses concurrents. Il s’agira alors de révolutionner l’assurance, en remboursant le véhicule à son état neuf par exemple, en cas de vol ou incendie, ou en payant les traites restantes, pour les voitures acquises à crédit. Ce type d’avantage concurrentiel est alors durable, du moins, jusqu’à ce que les concurrents puissent dupliquer l’offre, le tout, au bénéfice croissant du consommateur.

Dans la foulée, ces dernières années, les assureurs, soucieux non seulement de capter des clients mais également de les retenir, cherchent à satisfaire au plus près la demande des automobilistes. Pour ce faire, les formules d’assurance automobile sont de plus en plus adaptées, allant de la plus basique, se limitant au minimum règlementaire, à la plus complète, dite «toutes options», mais pas seulement.

Sur mesure

Mise à part la stratégie de concurrence par les prix, une autre stratégie de différentiation consiste en un positionnement clair, selon une segmentation précise. Les offres sont conçues sur mesure et segmentent la clientèle à différents niveaux. L’objectif étant d’avoir autant de formules possibles que de profils de conducteurs.

Ainsi, il existe des formules adaptées selon le budget mais également le type d’activité (fonctionnaire, enseignant, indépendant, retraité, salarié ou entreprise), l’état du véhicule (neuf ou usagé, acheté au comptant ou à crédit), selon qu’on est un homme ou une femme, voire même selon le statut (marié ou célibataire), s’il s’agit d’assurer le second véhicule d’un ménage…

Et pour offrir des formules de plus en plus attrayantes, au niveau des services associés, les assureurs se livrent la même bataille. Ils innovent non seulement par de nouvelles prestations mais aussi par la qualité et le délai de réponse. Au niveau du remboursement par exemple, il s’agira de diminuer le délai, allant jusqu’à 1h30 chrono pour la mise à disposition des sommes à rembourser.

L’éventail des gratuités s’est également élargi au remorquage des véhicules en cas d’accident ou en cas de panne, au service d’aide aux blessés, à la prise en charge des frais hospitaliers, à la mise à disposition d’un véhicule de remplacement, à l’aide au constat… Toute une logistique a été mise en œuvre pour permettre l’accès aux renseignements et à l’assistance, notamment à travers des centres d’appel et un personnel d’intervention dédié. Cela permet à l’assuré marocain de rouler en toute confiance, car les offres se multipliant, la sécurité se démocratise, et il devient courant de composer le numéro de son assureur en cas de panne, mais aussi à la moindre écorchure. A partir de ce moment là, l’assureur se charge de tout, la plupart du temps et au cours des formules, sans frais pour l’assuré.

Fidélisation

Enfin, alors que l’assurance a été longtemps assimilée aux malus, elle est de plus encline à accorder des bonus à ses assurés, l’objectif étant leur fidélisation. Or un conducteur qui bénéficie d’un taux de bonification intéressant sera plus prudent. C’est par cet aspect de leurs offres que les assureurs s’inscrivent de manière directe dans le cadre de la prévention des accidents de la circulation, de la route et de la sécurité routière en général. En effet, un conducteur plus prudent présentera un moindre risque pour l’assureur, mais aussi et surtout pour la société tout entière. Et pour s’inscrire dans une démarche encore plus responsable, certains assureurs vont encore plus loin en créant des clubs des bons conducteurs afin de leur permettre de bénéficier d’offres privilégiées. Il s’agira de produits dédiés, de gratuité de certaines options ou de remises… Enfin, toujours dans la même lignée, les assureurs, par la voix de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurances (FMSAR), se sont associés au Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) et lancent des initiatives de communication dans ce sens.

L’assurance automobile au Maroc est un produit qui se veut sur mesure, mais également souple et complet. L’assureur se veut de plus en plus présent dans le cadre de l’assistance et des services connexes. Mais aussi, l’assurance automobile, par l’éducation de ses conducteurs et la bonification de leur prudence, et par ses campagnes de communication, est un moyen certain de lutte contre la mauvaise conduite, les incidents et accidents, encore trop nombreux sur les routes du royaume.

Luxe, plaisir… et nécessité

Mouna Izddine

Dans l’imaginaire collectif marocain, la possession de deux ou plusieurs automobiles était jusqu’à ces dernières années perçue comme un signe de richesse extérieure et d’apparat social. Mais, l’accès croissant d’une large fange de la population à l’automobile, grâce notamment au crédit et autres facilités accordées par les banques et les institutions de prêt, fait sortir peu à peu les Marocains de cette vision étriquée. Reflet d’un acheminement lent mais certain vers la société de consommation, évolution du rapport psychologique et social à l’automobile, quoi qu’il en soit, une seconde voiture apparaît de moins en moins comme un luxe et davantage comme une nécessité aux yeux de nombre de gens : «Nous avons tenu avec une seule voiture jusqu’à la rentrée scolaire. Entre le benjamin à déposer à son cours de karaté, la cadette à chercher de l’école et l’aîné qui réclamait sans cesse la voiture pour sortir avec ses copains, le rythme de sollicitation est vite devenu infernal. C’est alors que j’ai décidé de mettre une partie de mes économies dans l’achat d’une petite citadine d’occasion, mon conjoint remboursant toujours le crédit du monospace acheté voilà quatre ans. Cette nouvelle acquisition a beaucoup facilité notre vie de famille. Je pensais que ce serait une perte d’argent, mais finalement, avec tout le temps que ça nous fait gagner, ça s’est avéré un bon investissement», confie Loubna, 38 ans, cadre en ressources humaines à Casablanca. D’autres, plus nantis ou juste prêts à placer des sommes plus conséquentes dans cet achat, opteront pour une voiture neuve, dont le choix dépendra à l’évidence de leurs moyens. Pour une troisième catégorie d’acheteurs, une seconde acquisition est davantage liée au plaisir de la conduite, voire à une passion particulière de l’univers automobile. Généralement, ces acquéreurs sont des conducteurs à la page, très au fait des actualités dans le domaine, que ce soit en termes de nouveaux produits, d’avancées technologiques ou de créativité esthétique. Omar, 36 ans, jeune chirurgien dentiste, en fait partie : «Nous avons déjà une voiture dans notre couple, mais une seule ne suffit plus. Je suis passionné par les autos et la mécanique depuis tout petit. Je veux une automobile qui soit à moi, seulement à moi, que je bichonnerai comme un bijou et utiliserai uniquement pour mes loisirs. De préférence un 4X4, puissant, robuste, élégant et silencieux à la fois, avec lequel je pourrai voyager dans l’arrière-pays en toute sécurité, admirer les paysages du Sud du haut de mon siège surélevé, avec du Dire Straits, du Queen ou du Led Zeppelin en fond sonore. Le rêve. Pour moi, le plaisir de conduire en ville aussi n’existe pas que dans les slogans publicitaires. Vous ne pouvez pas imaginer les sensations que j’éprouve au volant à 4 heures du matin, sans promiscuité, sans klaxons, sans pollution. Casablanca m’apparaît très belle alors, comme si toutes ses routes s’offraient à moi. Ma femme dit que je suis atteint de «nombrilisme nocturne» et de «voiturite chronique» ! Je suis abonné à tous les magazines auto possibles et je vais continuer à écumer les salons, dont le dernier, l’Auto Expo 2010, jusqu’à ce que je trouve la voiture de mes rêves, et quand je la verrai, je saurai la reconnaître entre mille».

Il n’existe pas de chiffres fournis, officiels et précis sur le comportement d’achat automobile des consommateurs marocains pour corroborer ces témoignages empiriques. Néanmoins, Eqdom, en partenariat avec le cabinet d’études Ipsos, a présenté dernièrement à la presse, le mardi 11 mai 2010 à Casablanca, le premier baromètre du marché de l’automobile marocain. Cette étude, qui a porté sur une population cible de 1.000 personnes (soit 50% de possesseurs de véhicules et 50% de non possesseurs), révèle ainsi, entre autres que pour le deuxième trimestre 2010, 45% des possesseurs projettent l’acquisition d’une nouvelle voiture. Et, parmi ces 45% de possesseurs, 66% ont l’intention d’acquérir une voiture neuve, tandis que 25% sont en quête d’une voiture d’occasion. Enfin, les critères d’achat sont la solidité et la fiabilité, la performance, le rapport qualité/prix, le prestige, l’esthétique et en dernier lieu, le confort. Avec, en top of mind, les incontournables constructeurs allemands Mercedes, BMW et Audi. Tout cela dans une fourchette de prix allant de 90.000 à 150.000 DH pour les voitures neuves, et de 50.000 à 90.000 DH pour les voitures d’occasion. C’est dire les exigences croissantes de conducteurs marocains de plus en plus avertis.

Brèves Auto

Mazda Enfin le diesel ! 

Au Maroc, comme partout dans le monde, les moteurs diesel réalisent de plus en plus de succès, vu leur grand rapprochement des moteurs essence en termes de puissance, de performance et de sensations. Mazda l’a compris…

Consciente de ce changement d’habitude à la consommation, Jama Auto réagit en introduisant des modèles ayant sous leur capot des motorisations diesel de dernière génération qui ont déjà fait leurs preuves en Europe. Entre compactes et monospaces, plusieurs segments sont concernés. La Mazda 3 est la première à passer sur le billard. Hormis quelques modifications esthétiques, la compacte inaugure le nouveau turbodiesel MZR-CD 2.2 litres de Mazda qui fait appel aux dernières avancées de la technologie des moteurs diesel afin de garantir des niveaux de puissance et de couple très élevés. Vient ensuite la Mazda 5 animée par un turbodiesel MZR-CD 2.0 litres qui entraîne naturellement une baisse des émissions de CO2. A part un nouveau moteur essence DISI au rendement énergétique amélioré, la Mazda 6 restylée écope d’un nouveau turbodiesel MZR 2.2 litres particulièrement raffiné, disponible dans trois niveaux de puissance. Enfin, la Mazda CX-7 offre à ses clients le même moteur que la précédente et associe une puissance et un couple élevés à de faibles de consommation et de rejets polluants.

Dacia Duster Le 4X4 «low cost» ! 

Après la Sandero, Dacia accueille son premier 4×4. Et cette fois, il s’agit d’un modèle à part entière. Fabriqué en Roumanie, ce véhicule tout terrain robuste affiche des dimensions compactes. Son gabarit lui permet d’évoluer aussi bien dans un environnement urbain qu’en utilisation off-road. Suffisamment sécurisé pour ses occupants, il respecte le principe de joindre l’utile à l’agréable. Ses futurs acquéreurs s’afficheront avec fierté sur le Duster puisqu’il n’a rien à envier à sa gamme, bien qu’elle soit plus chère. Ses concepteurs visent une clientèle ayant besoin, au quotidien, d’un véhicule offrant de vraies capacités tout-terrain. Elle est disponible dans l’ensemble des pays de commercialisation en version 4X2 – pour des clients en quête de garde au sol, de position de conduite haute et sécurisante, mais sans réel besoin au quotidien de quatre roues motrices – et en version 4X4 pour une utilisation plus large. Côté motorisation, la Dacia Duster propose un 1.6 de 110 ch et 2.0 de 140 ch en essence. En diesel, elle se fiera au 1.9 dCi 130, mais devrait aussi adopter un inédit 1.6 de 110 ch.

Toyota I go in AYGO !

Une voiture citadine qui facilite la vie en ville. Trajets quotidiens, shopping, sorties du week-end… tout est plus simple en Aygo. Agile et facile à manœuvrer, l’Aygo se glisse dans les recoins et se gare dans une place de parking étroite. Son profil sportif et sa carrosserie stylée lui confèrent une silhouette bien à elle. Puis, avec ses ailes profilées, ses phares singuliers et les chromes de ses feux arrière, l’Aygo affiche une personnalité. L’Aygo arrive au bon moment et promet aux consommateurs marocains une solution pratique répondant à toutes leurs exigences : modularité, originalité et accessibilité. Par l’introduction de ce modèle, l’Aygo cible les jeunes à la recherche d’une petite citadine cute, sexy, trendy à prix accessible, les jeunes travailleurs venant d’intégrer le monde professionnel ou les hommes et les femmes de tous âges qui rêvaient d’avoir une Toyota mais trouvaient que les prix de vente était supérieurs à leur budget. Elle adopte un moteur 1.0L VVT-i essence, le plus léger du marché, le plus performant de sa catégorie et le plus économique du segment. C’est certes une petite voiture, mais qui fait grande impression !

Hyundai IX35 le SUV des temps modernes 

Le remplaçant du Tucson arrive enfin. Ce cross-over reprend la nouvelle nomenclature de la marque et devient ix35. Ce nouveau venu abandonne le style baroudeur de son prédécesseur pour revêtir une élégante ligne de SUV compact urbain pour un profil plus fin, plus prononcé tout en cherchant à obtenir un intérieur plus spacieux. Le nouveau SUV est proposé en trois finitions : Pack Confort, Pack Edition et Pack Premium. Le SUV est équipé d’un régulateur de vitesse, de l’aide au démarrage en côte, d’un contrôle de vitesse en descente et d’un ordinateur de bord. Le ix35 soigne son look avec des projecteurs antibrouillard, un becquet arrière et des poignées et rétroviseurs peints. Côté confort, le crossover Hyundai ix35 est équipé d’une climatisation manuelle, d’une radio CD MP3 avec prise Aux/USB/iPod et commandes au volant, de vitres électriques avant et arrière et de rétroviseurs électriques. Et en complément de ce nouveau style élégant, le nouveau Hyundai ix35 reçoit les moteurs les plus récents et les plus économiques ainsi que des boîtes manuelles et automatiques à 6 rapports. L’offre du ix35 se compose d’un 2 litres essence Theta-II 2.0 de 163 ch et d’un diesel doté du nouveau moteur R 2.0 CRDi, de même cylindrée, mais en deux variantes de puissance de 136 ch et 184 ch.

Nouvelle BMW Série 5 La berline des grands 

La nouvelle BMW Série 5 Berline ouvre le dernier chapitre d’une success story impressionnante. Avec sa ligne à la fois sportive et élégante, le dynamisme typique de la marque, son efficacité exemplaire et ses caractéristiques de confort et de sécurité innovantes, la sixième génération de la berline d’affaires reflète la compétence de développement du constructeur d’automobiles de grand prestige au monde dans toutes ses facettes. Présentant l’empattement le plus long de son segment, un capot moteur long, des porte-à-faux réduits et une ligne de toit fluide typée coupé, la nouvelle BMW Série 5 Berline se démarque fortement de la concurrence. Pour la motorisation, la berline propose des moteurs à essence et diesel pleins de punch et avides de monter dans les tours. La gamme comprend un V8 essence de 407 ch ainsi que des six cylindres en ligne couvrant une plage de puissance comprise entre 150 kW (204 ch) et 225 kW (306 ch) et sera rapidement enrichie d’un quatre cylindres diesel développant 135 kW (184 ch).

?a vroome chez les Range Rover ! 

Luxe incomparable, performances suprêmes, technologie de pointe, consommation de carburant améliorée, émissions carbone réduites et autres fonctionnalités avancées ne sont que quelques uns des éléments qu’offre le nouveau 5.0L essence équipant le Range Rover, porte-drapeau de la marque, ainsi que les Range Rover Sport et Discovery 4. Les Range Rover Sport et Discovery 4 sont également disponibles avec la toute nouvelle motorisation 3.0L Diesel qui constitue une amélioration significative en termes de puissance, de couple, d’efficacité énergétique et d’émission de CO2 par rapport au 2,7L diesel qu’il remplace. Land Rover produit les meilleurs véhicules tout-terrain au monde et a connu une croissance significative année après année en Afrique du Nord, lors des 4 dernières années en particulier. Les ventes de Land Rover ont ainsi progressé de 5% au Maroc en 2009, alors que dans le même temps le segment des véhicules haut de gamme se contractait et que les volumes totaux de l’industrie reculaient.

Nouvelle Opel Astra Action, ça éclate ! 

Elégante, sportive et attrayante, cette voiture est la nouvelle star de la marque automobile. Il suffit de monter à bord de la nouvelle Opel Astra pour se rendre compte à quel point celle-ci maîtrise la route. Avec une qualité perceptible agrémentée de courbes majestueuses jusqu’aux petits détails, la nouvelle compacte se targue d’effets spéciaux de tous les côtés. Destiné à une clientèle masculine soucieuse du style sans dépendances aux marques, ce véhicule ne laisse pas les femmes de marbre grâce à son design soigné et son impression de puissance au premier regard. Espaces de rangement à portée de main avec un éclairage ambiant, la nouvelle Astra offre notamment un espace arrière généreux grâce à son empattement allongé et ses voies plus larges. Munie de l’ESP, ABS et appuie-tête actifs, cette petite sportive offre une sécurité active avec, entre autres, l’Opel Eye, une caméra qui détecte et enregistre les panneaux de limitation de vitesse et d’interdiction de dépassement. La gamme Maroc propose trois niveaux de finition. Enjoy (Essence 1.4 à 100ch et Diesel 1.7 CDTi à 110ch), Cosmo et Cosmo Pack avec Diesel 1.7 CDTi 110ch.

Jaguar XF Diesel Le luxe a un nom 

En attendant la dernière XJ, c’est la version diesel de la XF qui fait son entrée au Maroc et promet un succès incontestable. Avec ses jantes exclusives de 20 pouces, son nouveau becquet arrière et son logo «S», cette nouvelle XF compte atteindre de nouveaux sommets grâce à sa toute nouvelle motorisation Diesel. Le moteur de 275 ch de cette féline atteint les 100km/h. Utilisant des turbocompresseurs séquentiels parallèles pour développer une puissance et un couple généreux, ce moteur est assorti à la boîte automatique Jaguar ZF 6HP28 à six rapports. En outre, les équipements de série et les options ont été profondément remaniés et de nouveaux intérieurs font leur apparition. Elancée, statutaire et surtout valorisante, la XF ne passe pas inaperçue dans nos rues. Si bien que cette routière a la prestance d’une berline du segment supérieur. A l’intérieur, on apprécie les odeurs raffinées (des fragrances ?) que répandent les matériaux nobles. De la moquette épaisse, du beau bois et surtout du cuir de grande qualité qui ne se limite pas qu’aux sièges, puisqu’il recouvre intégralement la planche de bord. Sièges avant et volant réglables électriquement (avec mémoire), clim auto bi-zone, régulateur de vitesse, phare bi-xénon, kit Bluetooth pour GSM, chargeur frontal 6 CD, radar de recul… pleins d’équipements qui rendent cette lady de plus en plus parfaite.

Nouveau Sorento Attention les yeux !

Après avoir dévoilé son petit crossover Soul, Kia passe à l’autre bout de sa gamme de SUV en renouvelant le Sorento. Un modèle qui ne cherche pas particulièrement à gommer son aspect de tout terrain, malgré un traité plus agressif de la partie avant. Ce modèle emblématique de la gamme coréenne reste fidèle à son concept de base, mais révèle une partie arrière toujours très anguleuse. Un peu plus volumineux et partageant ses dessous avec le Hyundai Santa Fe, le nouveau Sorento revêt un look sympathique ciblant plus d’hommes que de femmes. Ce SUV a désormais un nouveau bouclier plus arrondi, une nouvelle calandre avec 3 barrettes chromées, un haut de calandre plus épais et un nouveau dessin intérieur des projecteurs. Le style intérieur reste relativement sobre, avec une planche symétrique séparée par une console qui se prolonge esthétiquement jusqu’à la base du pare-brise. En matière de confort, le nouveau Sorento frappe fort avec la climatisation automatique, le volant et les sièges réglables, le régulateur de vitesse ou encore des rétroviseurs électriques et chauffants. Sous le capot, le nouveau Sorento propose le V6 3.5 de 277 chevaux, le 2.2 diesel de 197 chevaux, et le V6 2.7 165 chevaux fonctionnant au GPL.

Chevrolet Cruz Une vraie berline !

C’est une berline familiale et racée qui répond à tous les budgets et qui fait du confort sa devise première. Elégante, féline, gracieuse… l’allure de la Cruz n’a rien à envier à celle des grosses berlines destinées aux passionnés de la bonne automobile. Avec 2 airbags, radio CD avec commandes au volant, 4 vitres électriques, rétroviseurs rabattables, régulateur de vitesse et toit ouvrant électrique, elle met le luxe et la pratique à ses pieds grâce également à la direction assistée, ordinateur de bord, climatisations, accoudoir central avec compartiment, sièges réglables en hauteur, pare-chocs couleurs carrosserie et feux antibrouillard. Sous le capot, la Cruz propose deux motorisations essence : un moteur 1.6 16V développant 109 chevaux avec une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports et un autre 1.8 16V développant 141 chevaux avec une boîte automatique à 6 rapports. CFAO Motors Maroc, importateur-distributeur exclusif de la marque Chevrolet au Maroc, prévoit l’arrivée des versions diesel sur le marché et met à disposition de tous ses clients la Cruz pour trois niveaux de finition au total: Base, LT et LT Plus.

C’est en route…

NOURA MOUNIB

Rouler écolo ? La question n’est pas prioritaire chez le consommateur marocain. Même si les voitures écolo font déjà un tabac à l’étranger, le Maroc ne se sent pas encore concerné par la question de l’environnement. Moteur électrique, voiture hybride ou véhicule écologique… le jargon écolo ne fait pas l’unanimité et les discussions en matière d’automobile restent axées sur le rapport qualité/prix ou sur la consommation du carburant seulement. Elles vont rarement plus loin.

Modèles écolo au Maroc ?

Le paysage marocain de l’automobile se prépare à une mue considérable avec l’introduction de nouveaux modèles écolos. La première voiture hybride qui s’invite au Maroc est la Toyota Prius qui y pointera bientôt le bout de son nez. Honda Insight, quant à elle, promet une arrivée en grande pompe. Après une étude d’adaptation, la berline compte investir le marché marocain et compter parmi les premiers modèles écologiques à faire leur entrée chez nous. Pourtant, la tâche s’annonce rude. Le consommateur marocain refuse de contribuer à la question écologique. Les impératifs de l’environnement ne font pas le poids, surtout s’il doit payer 15 à 20% plus cher cette voiture qui polluerait moins. Même si la consommation sera en baisse, l’investissement n’est pas à la hauteur de ses attentes ordinaires. En gros, la voiture écolo ne sera pas à la portée du consommateur moyen dont le pouvoir d’achat reste minime pour se permettre un véhicule hybride. Il n’est pas sans savoir que de nouveaux modèles pareils ne feront pas dans la dentelle du point de vue financier. Lorsque la production de véhicules écolo s’installera dans l’esprit de la clientèle avant d’investir le marché automobile, les différents importateurs qui comptent bourgeonner «écolo» au Maroc pourraient souffler et se permettre des folies en matière de voitures hybrides, en particulier avec la baisse éventuelle des prix en général. En évoquant la voiture hybride, qu’en est-il de l’électrique ? Ce modèle n’est toujours pas envisageable au Maroc, voire irréalisable. En effet, ce véhicule qui produit zéro pollution présente plusieurs inconvénients : coût faramineux, faible autonomie et grande dépendance vis-à-vis de la recharge… C’est ainsi que l’hybride reste le mieux adapté au marché local. C’est une voiture également écologique qui associe moteur thermique et électrique. Elle peut utiliser soit l’un, soit l’autre, voire les deux. Le moteur électrique sera utilisé lors du démarrage et le moteur essence prendra le relais une fois la vitesse de circulation atteinte. En attendant l’introduction de modèles écolo au Maroc, le marché automobile du neuf et de la bonne occasion met les bouchées doubles pour avancer, malgré la conjoncture que tout le monde reconnaît difficile, surtout pour le secteur automobile…

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